L’an dernier, la scientifique française Claude Grison était désignée lauréate de la catégorie « Recherche » de ce grand concours de l’innovation en Europe. Elle avait présenté une technique de décontamination des sols pollués à l’aide de plantes qui absorbent le métal. Cette année encore, l’innovation française est à l’honneur avec deux équipes de finalistes. Dans la catégorie « Recherche », un groupe de chercheurs du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) a développé un moyen révolutionnaire de stocker l’hydrogène sous forme de disque. Dans la catégorie « PME », l’équipe de l’entreprise Ÿnsect dirigée par le biochimiste Antoine Hubert s’est démarquée avec ses produits à base d’insectes. Décryptage.
Une solution de stockage d’hydrogène plus durable et plus pratique
Bien que ce type d’énergie joue un rôle primordial dans la lutte contre le dérèglement climatique, ses méthodes de conservation demeurent un frein à sa démocratisation. Pour résoudre ce problème, une équipe de recherche multidisciplinaire du CNRS a mis au point une solution de stockage d’hydrogène durable et sûre. Elle réunit Patricia de Rango, Albin Chaise, Daniel Fruchart, Nataliya Skryabina et Michel Jehan. En effet, ces scientifiques ont créé une structure atomique à base d’hydrure de magnésium et un procédé permettant de solidifier l’hydrogène et de le compresser efficacement. Selon eux, ce système offre plus de sécurité, car il utilise de faible pression. Il ne risque pas de s’enflammer sous l’effet de la chaleur. Nécessitant moins d’énergie, cette nouvelle technique est plus durable que les autres procédés comme la liquéfaction et la compression sous forme de gaz à très haute pression. D’ailleurs, le disque d’énergie est stockable durant des années sans risque de dégradation. Cette invention est déjà mise sur le marché, notamment en Europe, en Australie et au Japon.
Des insectes comme matière première pour produire des ingrédients nutritifs
Antoine Hubert et son équipe de l’entreprise Ÿnsect élèvent des vers de farine dans de hautes fermes verticales et modulaires. Cette méthode nécessite 30 fois moins de surface au sol et génère 40 fois moins d’émissions de CO2 que l’élevage bovin. Elle utilise 40 fois moins d’eau que l’élevage porcin. En réalité, ce biochimiste français et ses collègues se sont inspirés de l’élevage ancestral des vers à soie afin de réaliser ce type de ferme verticale. Avec des techniques agroalimentaires traditionnelles, ils transforment ensuite les vers de la farine en ingrédients très nutritifs, en l’occurrence de l’huile et des protéines en poudre.
Ces ingrédients sont riches en protéines (72 %), en acides aminés, en vitamines et en minéraux, affirment l’entreprise. Ils peuvent être utilisés dans la production de confiseries, de substituts de viande, d’aliments pour animaux, etc. Cette invention contribue à renforcer la sécurité alimentaire au monde et à préserver l’environnement. Il est à noter que l’entreprise Ÿnsect est la première à être autorisée par l’UE pour la commercialisation d’insectes en tant qu’aliments.
La principale compétition dédiée à l’innovation en Europe
Depuis 2006, le Prix de l’inventeur européen est organisé chaque année par l’Office européen des brevets. Pour cette édition 2023, douze finalistes ont été sélectionnés parmi 600 candidats, par un jury composé d’anciens finalistes. Leurs inventions apportent des réponses aux plus importantes problématiques auxquelles la société fait face actuellement. Elles touchent des domaines tels que la durabilité, l’efficacité énergétique, le traitement des déchets alimentaires, la mobilité et la médecine. Quatre lauréats seront récompensés dans chacune des quatre catégories : « Recherche », « Industrie », « PME » et « Pays non membres de l’OEB ». La cérémonie de remise des prix se déroulera le 4 juillet 2023 à Valence, en Espagne. Plus d’informations : OEB