L’industrie de la canne à sucre produit une importante quantité de bagasse suite à l’extraction du jus de canne, qui est transformée en sucre ou en rhum. On estime que chaque tonne de canne génère quelque 300 kg de résidu fibreux. Un certain nombre d’entreprises créent aujourd’hui des activités permettant de valoriser ces déchets organiques, qui finiraient autrement dans les décharges. En effet, la bagasse peut être utilisée comme une source d’énergie ou une matière première écologique pour fabriquer des emballages alimentaires, des pailles jetables, etc. D’ailleurs, ces fibres végétales peuvent être exploitées dans les domaines de l’ameublement et de la construction. Dans cette récente étude, une équipe de recherche de l’Université d’East London a eu l’idée de les transformer en briques comprimées résistantes et respectueuses de l’environnement, appelées « Sugarcrete ». Elle a collaboré avec le cabinet Grimshaw Architects et l’entreprise Tate & Lyle Sugars lors de ce projet. Découverte.
Les spécificités de ces blocs en bagasse
La première étape de fabrication de ce matériau consiste à collecter la bagasse disponible dans les industries de production de rhum ou de sucre ou bien auprès des agriculteurs locaux. Selon ces chercheurs britanniques, ce résidu fibreux de la canne est mélangé avec des liants exclusifs à base de minéraux. Ce mélange est ensuite compressé et laissé au repos pendant une semaine pour durcir. L’on obtient ainsi des blocs aussi résistants qu’un béton traditionnel à base de ciment. Ce matériau de construction pourrait, en effet, remplacer les briques en terre cuite ou encore les parpaings. Il a une conception modulaire et emboîtable, qui permet de construire une dalle solide renforcée par des armatures en acier.
Les blocs Sugarcrete présentent de nombreux avantages. Leur temps de durcissement est plus court (une semaine contre quatre pour le béton traditionnel). Leur coût de production serait nettement moins cher. Leur poids est supérieur d’environ un quart ou un cinquième par bloc de même taille. Concernant leur impact carbone, celui-ci serait réduit de 80 à 85 % par rapport à celui du béton en ciment. D’ailleurs, les dalles en Sugarcrete utilisent 90 % d’acier en moins que les dalles en béton. En outre, ces briques comprimées respectent les normes industrielles en termes de résistance à la compression, de résistance au feu, de conductivité thermique et de durabilité.
Une activité basée sur l’économie circulaire
Ces nouvelles briques en bagasse constituent une alternative plus économique et plus durable aux blocs de béton. Leur production pourrait être confiée à des entreprises locales qui se chargent de récupérer les déchets de canne auprès des agriculteurs et des usines de la région. Cela permet de réduire les coûts de traitement de ces déchets et les émissions de carbone liées à leur incinération. Une fois les blocs Sugarcrete fabriqués, ils pourraient être utilisés dans des projets de construction locaux. Leur coût devrait être moins élevé que le béton conventionnel importé.
Il convient de noter que ce nouveau matériau de construction a été conçu dans le cadre d’une collaboration de l’Université d’East London avec la société britannique Tate & Lyle Sugars. Son efficacité a déjà été démontrée grâce à des essais réussis des prototypes de dalles de plancher modulaires. En décembre 2023, lors de la COP28, ce projet a été sélectionné par le groupe environnemental Green Cross UK comme lauréat de la section « Économie circulaire » des Climate Positive Awards.
Après la phase de présentation de cette technologie, ces scientifiques cherchent à collaborer avec des partenaires agricoles situés dans les pays du Sud, en vue de produire ces briques comprimées en masse et de les mettre sur le marché. Plus d’information : Uel.ac.uk. Que pensez-vous de ces briques ? Nous vous invitons à nous donner votre avis, vos remarques ou nous remonter une erreur dans le texte, cliquez ici pour publier un commentaire .