Recourir moins aux énergies fossiles et réduire le taux d’émission de CO₂ sont parmi les objectifs fixés par de nombreux pays afin de lutter contre le réchauffement climatique. La Suisse est particulièrement engagée dans cet effort. Ce pays européen table surtout sur la transition vers l’énergie verte et renouvelable. Cependant, le manque d’espaces disponibles constitue un obstacle majeur à la mise en place d’importantes installations photovoltaïques. De plus, certains projets sont bloqués à cause des normes rigoureuses relatives à la protection du patrimoine culturel et de l’environnement. Le déploiement de modules solaires entre les voies ferrées se présente ainsi comme une solution prometteuse avec moins de contraintes techniques et financières.
Pourquoi les installations solaires sur le réseau ferré seraient-elles moins coûteuses ?
Aujourd’hui, plusieurs pays s’efforcent de développer des options d’énergie verte et renouvelable selon les moyens qu’il dispose et leur propre stratégie. En effet, il existe de multiples façons de déployer des panneaux solaires, en l’occurrence sur les toits des bâtiments, sur les plans d’eau, sur de vastes terrains, sur les autoroutes, dans les champs, etc. Ici, la Suisse a choisi de les aménager entre les voies de chemin de fer. Son réseau ferroviaire est composé de plus de 2 000 miles de voies. L’entreprise Sun-Ways estime qu’il y est possible de générer plus de 1 TWh d’électricité photovoltaïque par an. Cette production pourrait couvrir 2 % de la consommation annuelle brute du pays.
Ce projet s’avère moins coûteux que les installations sur d’autres sites (bâtiments, réservoirs, terrains, champs…). En effet, les dépenses liées à la main d’œuvre seront plus réduites. Cela s’explique par le fait que les modules pré-assemblés en chaîne en usine seront automatiquement posés par un train spécial. Un système de fixation à pistons (en instance de brevet) sera utilisé pour les maintenir dans les rails. Ainsi, il faudrait seulement quelques heures pour couvrir des tronçons de rails d’un kilomètre de long. Grâce à ce même wagon spécial, on pourra retirer facilement les panneaux amovibles durant les travaux d’entretien des voies ferrées par exemple.
Le projet pilote devrait commencer en mai 2023
Ce projet pilote devrait s’effectuer à proximité de la gare de Buttes, dans le canton de Neuchâtel, dans la région Val-de-Travers. Les premiers modules solaires devraient être installés sur un tronçon de rail des Transports publics neuchâtelois SA (transN). De nombreuses sociétés suisses soutiennent et contribuent à la mise en œuvre de ce projet. L’entreprise Sun-Ways envisage d’aménager cinquante panneaux photovoltaïques sur un tronçon de 100 m. Grâce à un onduleur de 20 kW, l’électricité générée sera directement injectée dans le réseau de la société transN. Les travaux pourraient être entamés dès que l’Office fédéral des transports (OFT) donne son agrément.
Néanmoins, il convient de noter qu’il existe actuellement certains blocages auxquels cette start-up fait face. On redoute notamment que les reflets de lumière produits par les modules solaires pourraient perturber la vue des conducteurs de train. Et dans les régions où il neige abondamment, ce type de projet pourrait engendrer des coûts d’entretien élevés. Il faudrait aussi penser aux éventuels dommages et aux pertes d’efficacité que les vibrations des rails pourraient causer. Mais l’entreprise a déjà anticipé ces problèmes en développant la technologie de fixation à pistons, capable d’absorber ces chocs. D’ailleurs, pour enlever la poussière, elle prévoit de nettoyer régulièrement les panneaux à l’aide des brosses cylindriques rotatives fixées sous certains trains. Plus d’informations : sun-ways.ch