L’industrie textile demeure l’une des industries les plus polluantes, ayant un impact considérable sur l’environnement. Elle est responsable de 17 à 20 % de la pollution de l’eau à l’échelle mondiale, explique le site pubavenue. De plus, une quantité énorme d’eau est consommée tout au long du processus de production textile, en commençant par la culture du coton qui nécessite une grande quantité d’eau. Par exemple, la production d’un tee-shirt ou d’un polo peut requérir jusqu’à 25 000 l d’eau. Les teintures textiles, quant à elles, consomment quotidiennement 10 950 000 000 l d’eau.
D’après les données d’Oekom Research, le WWF a analysé l’engagement écologique de douze marques. Le principal constat est que plus de la moitié de ces entreprises ne prennent pratiquement aucune mesure pour contrer les changements climatiques. Cela est particulièrement préoccupant, car le secteur textile contribue de manière significative aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, avec approximativement 1,7 milliard de tonnes de CO₂ par an. De nombreuses entreprises utilisent encore trop peu de matières recyclées ou produites de manière durable, consomment excessivement d’eau et polluent considérablement cette ressource tout au long de leur chaîne de valeur. Fort de ce constat, une chercheuse a développé le « BioEarth », un textile composé à plus de 60 % de terre. Dans cet article, nous allons vous fournir plus de détails sur cette invention ingénieuse, mais surtout nécessaire.
Pourquoi cette inventrice a opté pour la terre ?
Penmai Chongtoua a obtenu un master en « climat et société » à Columbia Climate School. Après ses études, elle a rejoint le laboratoire des nouveaux matériaux du Graduate School of Architecture, Preservation and Planning (GSAPP). La jeune chercheuse y étudie les différents usages potentiels des matériaux non toxiques et à faible teneur de carbone. Elle a choisi la terre comme matière première principale de son nouveau textile pour ses propriétés physiques et surtout pour ses valeurs écologiques. En effet, cette scientifique tient à créer une connexion entre l’environnement et les êtres humains à travers son invention. Cette idée lui est venue grâce à son cursus universitaire axé sur la politique environnementale. Cette dernière met en évidence les relations entre les personnes et leurs environnements sociaux, naturels et bâtis.
Selon elle, le tissu et les habits peuvent communiquer la culture, la politique et la technologie. La jeune inventrice a aussi parlé de son expérience dans la conception de textiles et de mode qu’elle avait acquise durant ses études de premier cycle. Elle a partagé sa vision et ses objectifs philosophiques avec le professeur Ben-Alon qui l’a aidée dans sa recherche. Tout cela a contribué à la motiver à concrétiser ce projet de fabrication de textile à base de la terre.
Comment la recherche a évolué ?
Cette chercheuse est parvenue à réaliser un vêtement en terre, moulé sur le corps d’un modèle. Celui-ci ressemblait à un plâtre solide, lourd et inflexible. Il n’était possible de le porter qu’en position immobile, allongée ou assise. Bien que plusieurs améliorations soient encore nécessaires, cette première phase de recherche lui a permis de tirer un enseignement essentiel. En effet, l’inventrice a affirmé que le contact de la terre avec le corps rend une personne plus attentive et plus soucieuse des interactions qu’elle a avec l’environnement.
Après cette première expérience, elle a poursuivi sa recherche afin d’obtenir un matériau en terre plus dynamique et plus flexible. Avec Ben-Alon, elle a réfléchi à de différentes options d’amélioration telles que la modification du processus de fabrication, l’utilisation des fibres naturelles, etc. Finalement, l’équipe a testé des bioplastiques fabriqués à partir des matériaux naturels comme l’amidon de maïs, l’alginate et la cellulose. Elle a essayé plusieurs formules constituées de la terre, des fibres et des bioplastiques en différentes proportions. Elle a retenu une formule avec plus de 60 % de terre afin d’obtenir le tissu « BioEarth » mobile, flexible et durable. La chercheuse explique également que ce textile présente une excellente résistance, il peut être découpé au laser, brodé et cousu à la machine.
Est-il envisageable de produire ce nouveau tissu industriellement ?
Chongtoua prévoit d’améliorer la résistance et la flexibilité de ce textile en terre lors de ses prochains travaux. Elle a récemment collaboré avec un spécialiste en bioplastique pour tester de nouvelles formules. Lorsque le média lui avait posé une question sur la possibilité de commercialiser son nouveau tissu, elle a répondu en faisant certaines remarques et réflexions. En effet, elle reste encore méfiante sur les éventuels effets de la production de masse de ce produit sur l’environnement. De plus, il faudrait utiliser de grandes quantités de terre et de bioplastiques. Plus d’informations : Columbia.edu
Je pense que c’est possible de produire des vêtements composés de terre et de bioplastique entre autre (il y a aussi les algues par exemple) à grande échelle. Les biotechnologies sont peut-être la cinquième révolution industrielle là où l’imprimerie 3d a beaucoup de mal à se démocratiser.