Après une mort apparente, le corps de certains moines tibétains est disposé dans une position de méditation. La pratique ne semble rien avoir en particulier, si ce n’est une très lente décomposition du cadavre. Ce dernier est capable de conserver sa fraîcheur pendant une durée incroyable, souvent entre deux et trois semaines.
Le phénomène intrigue les Occidentaux, mais il est considéré comme tout à fait normal dans la tradition bouddhiste tibétaine. La mort est assimilée à un simple processus. Elle ne rompt pas le lien entre l’esprit et sa représentation physique.
Les bouddhistes décrivent le thukdam comme la méditation après la mort, permettant à l’esprit de se détacher progressivement du corps. Pendant ce processus, le corps n’est pas libre de mourir ou de pourrir, ce qui expliquerait la fraîcheur prolongée après une mort apparente.
À la recherche de la vérité
Des cadavres ne se décomposant pas comme les autres est un phénomène assez difficile à croire. Pour cette raison, le dalaï-lama – plus haute figure du Bouddhisme tibétain – encourage les chercheurs à se pencher sur le sujet. « Le bouddhisme et la science n’ont pas des points de vue opposés sur le monde, mais plutôt des approches différentes d’un même objectif : rechercher la vérité », pense le guide suprême.
La recherche la plus notable sur le thukdam est celle de Richard Davidson de l’université du Wisconsin à Madison, aux États-Unis. Le neuroscientifique a pu observer pour la première fois le thukdam en aout 2014 lors du décès de son ami moine Geshe Lhundub Sopa. « Il n’y a eu absolument aucun changement. C’était vraiment assez remarquable », s’était étonné le chercheur après avoir examiné la dépouille de son ami cinq jours après sa mort.
Aucune preuve scientifique de la présence de l’esprit dans les cadavres
Davidson a initié le projet The Thukdam Project pour rassembler les études autour du cas étrange des moines tibétains. L’initiative a publié son premier rapport en janvier dernier dans la revue scientifique Frontiers in Psychology. L’article détaille l’analyse de l’activité cérébrale sur les dépouilles de moines. Les électroencéphalogrammes n’ont cependant montré aucune activité cérébrale chez 13 moines décédés depuis au moins 26 heures.
Les travaux de Davidson n’apportent ainsi aucune preuve scientifique de la présence d’esprit dans la dépouille des moines tibétains. Cela ne signifie pas pour autant la fin de la recherche sur le phénomène étrange.
Une étape pour comprendre le thukdam
« Si nous pensions que le thukdam est quelque chose que nous pouvons mesurer dans le cerveau, cette étude suggère que ce n’est pas l’endroit idéal pour observer », a expliqué le philosophe Evan Thompson dans Tricycle, un magazine consacré au Bouddhisme. Les premiers travaux de Davidson ne sont pas perçus comme un échec, mais plutôt une étape pour comprendre le thukdam. Par conséquent, The Thukdam Project se poursuit pour tenter de trouver des traces de conscience post-mortem dans la dépouille des moines tibétains.
Pour ce faire, les observations ne doivent pas se focaliser sur le cerveau. D’autres approches seront donc prochainement mises en œuvre afin de mieux comprendre ce qu’il se passe derrière ce phénomène qui intrigue depuis des lustres aussi bien les internautes que les scientifiques.