Sur les réseaux sociaux, de nombreux influenceurs, et influenceuses font l’éloge de l’acide hyaluronique en exposant leurs lèvres pulpeuses ou un visage parfaitement lissé. Pour d’autres, l’expérience tourne court, et ils s’affichent avec des lèvres difformes, et parfois des séquelles irréversibles. Que l’expérience soit convaincante ou non, c’est grâce ou à cause de l’acide hyaluronique que ces influenceurs affichent ces images. Le problème étant que l’acide hyaluronique, utilisé sous forme de gel injecté pour ajouter du volume, ou combler les rides et les plis, se vendait sans ordonnance. Une porte ouverte à tous les pseudo-médecins qui, en réalité, mettaient en danger la vie de leurs pseudo-patients. Un nouveau décret vient enfin encadrer la délivrance de l’acide hyaluronique, et c’est plutôt une excellente nouvelle. Décryptage.
Un décret indispensable
L’acide hyaluronique est une substance naturellement présente dans le corps. En médecine esthétique, il est utilisé pour traiter les rides statiques (pattes d’oie) et pour ajouter du volume aux lèvres, aux joues et au menton. En vente libre, les médecins esthétiques ont rapidement tiré la sonnette d’alarme quant aux graves complications qui pouvaient découler d’injections sauvages. Le succès auprès des jeunes est important, et ne pas encadrer sa délivrance présentait un véritable risque pour la santé publique.
Un nouveau décret pour mieux l’encadrer
Voté le 29 mai dernier, juste avant la dissolution de l’Assemblée Nationale, le décret n° 2024-490 du 29 mai 2024 entrera en vigueur ce 29 juin prochain. Et, voici ce qu’il prévoit : « la fourniture de dispositifs médicaux et produits à base d’acide hyaluronique injectable, eu égard aux risques sérieux qu’ils présentent pour la santé des personnes, est soumise à prescription médicale ». Les chirurgiens esthétiques, et les médecins, applaudissent ce décret qu’ils réclamaient depuis le succès de l’acide hyaluronique, un produit pas cher, et bien trop facilement accessible selon eux. Les injections de ce produit requièrent de véritables compétences médicales, et une connaissance du corps humain, ce que les pseudos médecins ne possèdent évidemment pas !
Disponible en pharmacie, mais avec une ordonnance
Concrètement, à partir du 29 juin prochain, l’acide hyaluronique est toujours disponible en pharmacie. Mais, il faudra présenter l’ordonnance d’un médecin, ou d’un chirurgien esthétique pour qu’il vous soit délivré. Les chirurgiens-dentistes sont également habilités à prescrire l’acide hyaluronique qui peut être utilisé dans le traitement de certaines maladies parodontales. Quant aux gélules, pour réaliser une cure d’acide hyaluronique, elles ne sont pas concernées par le décret. Pour lutter contre les charlatans, le gouvernement devrait bientôt mettre en place un site internet qui permettra aux victimes de signaler leur déconvenue. Dans le département du Nord, les gendarmes de Lille ont déjà pris les devants, et recherchent activement l’un (ou l’une) de ces charlatans.
Si vous avez été victimes du « Doctor Lougayne » sur Snapchat ou « injection_lille » sur Instagram, la section de recherches de Lille vous invite à leur envoyer un mail sur victimes-doctor-lougayne@gendarmerie.interieur.gouv.fr. En septembre 2023, à Valenciennes, deux sœurs influenceuses « en carton » ont été condamnées à de la prison ferme. Elles réalisaient des injections sauvages d’acide hyaluronique et de botox, comme le relate cet article du Parisien. Pensez-vous que ce nouvel encadrement de délivrance de l’acide hyaluronique soit une bonne mesure ? Nous serions ravis de lire vos impressions ou de connaître votre expérience à ce sujet. Et, si vous constatez une erreur dans cet article, n’hésitez pas à nous l’indiquer. Vous pouvez cliquer ici pour publier un commentaire .