Les nouveaux cas de cancer augmentent chaque année, aussi bien chez les hommes que les femmes. En France, par exemple, le nombre total de nouveaux cas était estimé à 433 000 (dont 57 % chez l’homme) en 2023. Un chiffre qui aurait doublé depuis 1990, selon Santé publique France. L’OMS estime que le cancer est l’une des principales causes de mortalité dans le monde, dont les plus courants sont ceux du sein, du poumon, du colorectal et de la prostate. Les traitements comprennent généralement la chirurgie, la chimiothérapie et/ou la radiothérapie. En Croatie, Beata Halassy, virologue à l’Université de Zagreb a essayé un traitement un peu particulier : la virothérapie oncolytique (OVT). Atteinte du cancer du sein, elle a réussi à vaincre sa maladie en s’injectant des virus cultivés en laboratoire. Une auto-expérimentation jugée contraire à l’éthique par bon nombre de médecins.
Un traitement expérimental
Beata Halassy a indiqué qu’elle a décidé d’effectuer ce traitement expérimental pour ne plus subir une autre série de chimiothérapies. En effet, elle a découvert en 2020, à l’âge de 49 ans, qu’elle avait un cancer du sein à l’emplacement d’une mastectomie précédente. Une seconde récidive dans cette zone, depuis que son sein gauche avait été retiré. Après s’être informée sur les recherches existantes, elle a décidé de tester sur elle-même la virothérapie oncolytique (OVT). La virologue a choisi deux virus pouvant infecter et détruire les cellules cancéreuses, à savoir un virus de la rougeole et un virus de la stomatite vésiculaire (VSV). Selon elle, ces virus peuvent infecter et détruire certaines cellules cancéreuses, et ont déjà été utilisés dans des études cliniques OVT, des études sur ce thème ont d’ailleurs déjà été publiées en France et à l’étranger. Une auto-expérimentation réussie, car elle est guérie du cancer depuis quatre ans maintenant.
La virothérapie oncolytique
Pour rappel, la virothérapie oncolytique est une thérapie qui consiste à utiliser des virus pour attaquer les cellules cancéreuses et stimuler la réponse immunitaire pour les combattre. Beata Halassy souligne qu’elle n’est pas une experte en OVT, mais son expérience en culture et purification de virus en laboratoire l’a grandement aidé et lui a permis de poursuivre le traitement. À noter que jusqu’à présent, la plupart des essais cliniques de virothérapie oncolytique se sont concentrés sur les cancers métastatiques à un stade avancé. Cependant, on a assisté récemment à une évolution vers des maladies à un stade plus précoce. Aux États-Unis, une OVT spécifique connue sous le nom de T-VEC a été approuvée pour le traitement du mélanome métastatique. Pour le cancer du sein, il n’y a pas encore eu d’approbation jusqu’à aujourd’hui.
Une auto-expérimentation critiquée par les médecins
De nombreux chercheurs et médecins ont critiqué l’auto-traitement effectué par la virologue croate. Jacob Sherkow, chercheur en droit et en médecine à l’Université de l’Illinois à Urbana-Champaign, a expliqué que le problème n’est pas l’auto-expérimentation en soi, mais le fait que Beata Halassy a partagé ses découvertes. Ce qui, selon lui, pourrait motiver d’autres personnes à abandonner les traitements traditionnels en faveur d’approches similaires. En tout cas, la virologue explique qu’elle ne regrette pas de s’être auto-traitée et d’avoir publié son rapport. Pour elle, il était de son devoir de partager ses découvertes et de raconter son histoire.
Récemment, elle aurait obtenu un financement pour étudier l’utilisation de la virothérapie oncolytique pour traiter le cancer chez les animaux domestiques. « L’orientation de mon laboratoire a complètement changé en raison de l’expérience positive que j’ai vécue avec mon auto-traitement », a-t-elle conclu. Plus d’informations avec cet article paru sur nature.com. Cette virologue a-t-elle trouvé un remède efficace face au cancer en utilisant des virus ? Je vous invite à nous donner votre avis, vos remarques ou nous remonter une erreur dans le texte, cliquez ici pour publier un commentaire .