Le mois d’octobre est celui de l’opération Octobre Rose, pour sensibiliser les femmes au dépistage du cancer du sein. Alors que ce dixième mois de l’année vient juste de s’achever, une excellente nouvelle nous parvient d’une clinique de Cleveland, aux Etats-Unis.
Après 20 ans de recherches intensives, d’études précliniques, de tests en tous genres, le premier vaccin contre le cancer du sein va être testé sur 24 femmes. C’est la première fois dans le monde qu’un vaccin contre le cancer du sein aboutit à un test clinique. Et ce pourrait évidemment être une véritable révolution pour lutter contre cette maladie.
La maladie en quelques chiffres
Selon la Fondation pour la Recherche Médicale, le cancer du sein représente 33% des cas de cancers féminins. Il est le plus fréquent, et environ 58 000 nouveaux cas sont détectés chaque année. Ce cancer parfois très agressif cause la mort de 12100 personnes chaque année. Si le taux de mortalité diminue chaque année depuis 1990, c’est évidemment encore trop. Ce chiffre pourrait encore baisser notamment grâce à un meilleur dépistage, puisqu’aujourd’hui 60% des cancers du sein sont dépistés à un stade précoce.
Mais cela s’explique aussi par une meilleure prise en charge thérapeutique. Aujourd’hui, 87% des femmes sont en vie 5 ans après le diagnostic. Rappelons également que le cancer du sein touche moins de 1% des hommes, mais que cela peut arriver. Le vaccin contre ce cancer pourrait donc être un véritable espoir pour en finir avec cette maladie !
Une première mondiale
Après 20 ans d’études précliniques intensives, ce vaccin est conçu pour être administré à titre préventif. Il va cibler les cellules qui produisent l’a-lactalbumine, une protéine particulièrement élevée dans les cellules d’un cancer du sein. La première phase devrait bientôt débuter, sur 24 femmes volontaires.
Cette incroyable prouesse, nous la devons aux chercheurs de la clinique de Cleveland. En 2010, les médecins avaient obtenu des résultats très concluants sur des souris. La Food and Drug Administration, équivalent de notre Haute Autorité à la Santé, vient en effet d’autoriser les essais cliniques sur des humains. Thomas Budd, responsable de cet essai, explique que l’objectif de ce vaccin est donc de « faire de l’α-lactalbumine une cible immunologique ».
L’essai clinique en détail
Dans ces recherches, le scientifique explique que l’a-lactalbumine est présente chez tous les mammifères qui produisent du lait, et qu’elle s’exprime par les glandes mammaires lors de l’allaitement; sa seule autre manière de s’exprimer est en provoquant un cancer du sein ! En ciblant cette protéine uniquement, le vaccin protégerait donc les femmes du cancer du sein. Dans un premier temps, ce vaccin ciblera les femmes ménopausées ou déjà mères, mais également les jeunes femmes à très haut risque. Il ne sera donc pas administré en tant que vaccin infantile.
Ce vaccin ne ciblera pour l’instant pas non plus tous les cancers du sein, mais seulement les « triples négatifs », qui présentent un fort taux d’a-lactalbumine. C’est l’un des cancers du sein les plus agressifs, et se détecte tardivement. S’il s’appelle triple négatif, c’est justement à cause du fait qu’il ne peut être détecté avec les trois principaux marqueurs des cancers du sein. Lorsqu’il est enfin détecté, la maladie s’est déjà bien développée et les chances de survie sont plus minces.
Un vaccin prometteur, mais toujours en développement
Le vaccin sera bien expérimenté sur 24 femmes dans un premier temps (phase 1). Il faudra évaluer sa toxicité mais également trouver le dosage optimal pour une efficacité maximale. Les 24 femmes qui testeront ce vaccin sont toutes atteintes d’un cancer triple négatif détecté depuis 3 ans ou moins, ou en rémission.
Cette première phase durera jusqu’en septembre 2022; en cas de succès, il faudra attendre encore 10 ans environ avant que ce vaccin ne soit commercialisé dans le monde. Les chercheurs sont confiants, et espèrent pouvoir développer d’autres vaccins contre les autres cancers du sein. Dix ans, cela peut sembler long, mais c’est tout de même un espoir sérieux pour que venir un jour à bout de ce fléau.