Une équipe de l’Observatoire européen austral – avec l’astronome suisse Xavier Dumusque à sa tête – annonçait en octobre 2012 la découverte d’une exoplanète de la taille de la Terre. Selon les explications, celle-ci orbite autour de la naine orange Alpha Centauri B dans le système stellaire Alpha Centauri.
Située à seulement 4,37 années-lumière, Alpha Centauri Bb est également considérée comme l’exoplanète la plus proche de notre Système solaire. Sa découverte était l’aboutissement de trois années de travaux; Dumusque et son équipe se sont appuyés sur le Chercheur de planètes par vitesses radiales de haute précision (HARPS) de l’observatoire de La Silla, au Chili.
Une découverte ayant suscité beaucoup de scepticisme
L’article sur Alpha Centauri Bb a suscité beaucoup de scepticisme lors de sa publication.; en effet, des recherches ultérieures avaient déjà contredit les observations de Dumusque, et le site scientifique de prépublication arXiv a récemment publié une nouvelle étude qui aboutit à un consensus sur l’inexistence probable de l’exoplanète.
La méthode des vitesses radiales, également appelée spectroscopie Doppler, offre une grande précision dans la recherche d’exoplanètes; l’utilisation de moyens technologiques sophistiqués comme le spectrographe HARPS joue un rôle déterminant dans cette efficacité.
La technique permet de compléter les mesures astronomiques en introduisant la vitesse comme troisième composante. Xavier Dumusque et ses collègues ont eu recours à la technique pour observer la lumière de la naine Alpha Centauri B. Ils ont ensuite supposé l’existence de Bb en repérant de subtils motifs lumineux.
Une exoplanète matérialisée par des données incomplètes
Les contradicteurs reprochent à l’équipe de l’Observatoire européen austral de ne pas avoir effectué un suivi complet. En effet, la recherche de 2012 se basait sur les données d’un télescope qui n’observait la naine orange que quelques fois dans la semaine, et cette manière de rassembler les données est en mesure de fausser les observations.
Des éléments comme le bruit d’un dispositif électronique, des taches solaires ou la force gravitationnelle d’une autre étoile peuvent être confondus avec la présence d’une exoplanète. Vinesh Rajpaul a démontré cela dans ses travaux.
Cet étudiant en troisième cycle en astrophysique à l’université d’Oxford a modélisé une étoile sans planète. Les observations par intermittence dans la simulation ont fait apparaître une planète qui n’existait pas. Les travaux de Rajpaul expliquent d’une certaine manière l’erreur des chercheurs de l’Observatoire européen austral.
Mea culpa de Dumusque et son équipe
« C’est un très bon travail. Nous n’en sommes pas sûrs à 100 %, mais la planète n’existe probablement pas », reconnaît Dumusque. Le chercheur a lui-même mené une expérience avec ses collègues afin de mieux comprendre son erreur. Comme quoi, la recherche d’oscillations n’est apparemment pas la technique la plus adaptée pour trouver de petites exoplanètes de la taille de la Terre.