Le contact avec un virus n’est pas sans conséquence. Cela peut déclencher une infection ou une contamination au cas où le système immunitaire ne serait pas en mesure de s’en débarrasser. Un traitement adapté permet certes d’éliminer le virus.
Néanmoins, ce dernier ne disparaît pas sans laisser de traces. L’agent infectieux peut effectivement laisser un fragment dans notre génome. Il existe aussi des chances que le résidu soit transmis de génération en génération. Les scientifiques utilisent souvent le terme de poubelle ou cimetière de virus pour désigner cette portion d’ARN non codant.
Une portion constituant 8 % du génome humain
Une équipe de chercheurs de l’université de Nouvelle-Galles-du-Sud, en Australie, s’est penchée sur le cas de cette portion de notre génome. Les détails de la nouvelle étude figurent dans un article récemment publié par la revue Virus Evolution.
La portion qui intéresse les chercheurs australiens constitue environ huit pour cent de notre génome. Elle est assimilée à un registre des infections virales de l’évolution humaine. Le registre en question retrace plusieurs millions d’années d’évolution, notent les auteurs de la recherche dans leur papier. Notons que la transmission de génération en génération n’altère pas le séquençage de la portion.
Trois familles principales de virus
Les éléments viraux endogènes (EVE pour l’anglais Endogenous viral elements) constituent le terme scientifique pour désigner ce cimetière de virus. Afin de découvrir leurs fonctions, les chercheurs ont effectué des observations sur d’autres mammifères. Les analyses ont porté sur le patrimoine génétique de 13 espèces de marsupiaux. Cela a permis l’identification de trois familles de virus parmi les éléments viraux endogènes :Filoviridae, Parvoviridae et Bornaviridae.
Les Bornaviridae figurent dans le patrimoine génétique des marsupiaux australiens depuis le Jurassique. Leurs cousins américains possèdent également ce groupe dans leurs éléments viraux endogènes. Les traces retrouvées dans les sujets de la recherche incluent des variants vieux de 160 millions d’années. Les mêmes virus fossiles sont aussi présents chez les reptiles et les oiseaux. Les chercheurs ne sont pas encore parvenus à en déterminer la raison.
Des éléments viraux endogènes pas si inutiles que cela
Les éléments viraux endogènes sont des ARN non codants. D’une certaine manière, cela a conduit les scientifiques à sous-estimer leur caractère essentiel. Rappelons que les ribosomes ne traduisent pas en protéine les ARN non codants. La nouvelle étude développe ainsi l’utilité du cimetière de virus fossiles. Les éléments viraux endogènes participent effectivement au développement de nombreuses cellules. Ils peuvent même intervenir dans la transcription du génome.
Les mammifères possèdent des éléments viraux endogènes, mais leur quantité varie en fonction des espèces. Ces ARN non codants particuliers seraient à la base d’un processus similaire à la vaccination, avec toutefois un caractère héréditaire.
« Les intégrations virales génomiques, appelées éléments viraux endogènes (EVE), pourraient protéger l’hôte contre l’infection. Il est largement connu que les infections virales passées et les EVE jouent un rôle actif dans la défense antivirale chez les invertébrés et les plantes », notent les auteurs de l’étude.