En dépit des avancées réalisées ces dernières années dans le domaine de la médecine et des technologies dont nous disposons aujourd’hui, il existe toujours des énigmes qu’on n’a pas résolues au sujet du fonctionnement de notre cerveau. Preuve en est, Delphine Oudiette, neuroscientifique à l’Institut du cerveau de Paris et ses collègues ont récemment publié dans la revue Scientific American une étude pour le moins étonnante.
Celle-ci décrit un mécanisme courant, mais que nous avons tendance à ignorer. Concrètement, les scientifiques se sont intéressés au fait que le cerveau est capable de résoudre des problèmes difficiles peu avant le moment où nous tombons dans les bras de Morphée.
Une approche privilégiée par un scientifique de renom
Les chercheurs ont basé leurs expériences sur une technique développée par Thomas Edison. Lorsque le célèbre inventeur avait besoin d’inspiration, il adoptait une méthode inhabituelle: il tenait des billes en acier dans chacune de ses mains au-dessus de casseroles métalliques.
Lorsqu’il s’endormait, les objets tombaient dans ces dernières, ce qui le réveillait brusquement. C’est à ce moment-là qu’il essayait de réfléchir profondément pour trouver de nouvelles idées. Il s’avère que cette approche a permis à Edison de faire avancer ses travaux de recherche; idem pour l’artiste catalan Salvador Dalí.
Une centaine de volontaires sollicités
Oudiette et son équipe se sont donc inspirés de cette technique pour stimuler la créativité des sujets auprès desquelles les expérimentations ont été menées. Il semble que notre cerveau augmente automatiquement sa capacité de traitement au cours de la phase brumeuse, appelée N1 ou hypnagogie, juste entre la conscience et le sommeil.
« J’ai été assez surpris que presque aucun scientifique n’ait étudié cette période au cours des deux dernières décennies », a confié la chercheuse au magazine Scientific American. Pour leur étude, les experts ont recruté 103 personnes en bonne santé.
D’étonnants résultats
Les volontaires ont été amenés à résoudre des problèmes mathématiques. Chacun d’entre eux avait droit à une pause de 20 minutes dans un environnement calme. Au cours de ce moment, ils pouvaient se détendre tout en tenant quelque chose dans une main. Ils ont ensuite été invités à fermer les yeux ou à dormir s’ils le souhaitaient. Pour mesurer leurs activités cérébrales, les auteurs ont utilisé des électrodes.
À l’issue de l’expérimentation, une fois l’objet tombé, les chercheurs ont constaté que ceux qui avaient atteint la phase N1 avaient eu plus de facilité (et donc de capacités ?) à résoudre des problèmes que ceux qui étaient restés éveillés. Qui plus est, ils étaient six fois plus performants que les participants qui avaient sombré dans un sommeil plus profond, N2.
« Nous avons été assez étonnés de l’ampleur des résultats », a réagi Delphine Oudiette. Malheureusement, les scientifiques ne savent toujours pas pourquoi la phase N1 stimule la créativité. La méthode d’Edison peut certes nous aider à être plus créatifs, mais n’oubliez pas non plus que l’industriel américain avait considéré le sommeil comme « une perte de temps criminelle ».