Radiations cosmiques, températures extrêmes, vide sidéral… voilà tout un tas d’évènements catastrophiques auxquels Deinococcus radiodurans peut résister. Bref, cette bactérie est capable de survivre à peu près à tout ce qui tue les autres organismes présents sur la Terre. Certes, les tardigrades sont réputés pour leur grande résistance à la chaleur, au froid, à la déshydratation, à l’acidité ainsi qu’aux radiations, mais « Conan la bactérie » fait encore mieux. Ce surnom que les scientifiques lui ont attribué fait justement référence à son excellente capacité de survie dans des environnements extrêmes.
« On la surnomme même Conan la bactérie car elle peut endurer des conditions très extrêmes comme la sécheresse. Sans doute très utile à l’avenir. Car elle peut voyager, et pourrait peut-être transformer la roche martienne en sol fertile », a expliqué France 24 le mois dernier.
Découvert par accident dans les années 50
Pour l’anecdote, ce micro-organisme un peu particulier a été découvert de façon accidentelle en 1956 par un chercheur américain. Alors que ce dernier voulait stériliser des boîtes de corned-beef en les soumettant à des rayons gamma, il a eu la surprise de découvrir que des colonies de D. radiodurans avaient survécu au fort rayonnement. Depuis, la bactérie intrigue largement les scientifiques si bien que des expériences scientifiques visant à comprendre son mécanisme de survie et ce qui le rend aussi résistant ont été menées sur la Station spatiale internationale (ISS) entre 2015 et 2018.
« La bactérie la plus résistante au monde »
Deinococcus radiodurans est si résistant qu’il est répertorié dans le Livre Guinness des Records comme « la bactérie la plus résistante au monde », souligne Anupum Pant du site Awesome Science. Les chercheurs savaient déjà que l’organisme était capable de survivre à haute altitude, mais l’expérience à bord de l’ISS — dans le cadre du programme ExHAM (Exposed Experiment Handrail Attachment Mechanism) — était unique en son genre.
En plus d’orbiter autour de la Terre à une altitude de près de 400 km, la station évolue dans un environnement extrême où règnent le froid et la chaleur. Le côté qui fait face au soleil peut atteindre 121 °C, tandis que la température sur le côté opposé peut aller jusqu’à -157 °C, soit une différence d’environ 300 °C !
Un microbe capable de « ressusciter » indéfiniment
Par ailleurs, il n’est pas à rappeler que l’ISS est exposée à un niveau élevé de radiations cosmiques, sans parler de l’absence de gravité et d’humidité. Des échantillons de Deinococcus radiodurans ont ainsi été déposés sur les panneaux solaires de la station spatiale.
À la fin de l’expérience, en 2018, les scientifiques ont constaté que tous les agrégats supérieurs à 0,5 mm avaient survécu. Dans l’article décrivant l’étude, lequel a été publié dans la revue Frontiers in Microbiology, les chercheurs affirment que le microbe aurait pu vivre à l’extérieur de la station entre 15 et 45 ans. Il s’avère que celui-ci peut réparer indéfiniment son propre ADN après des dommages dus à des quantités extrêmes de rayonnement ou d’autres forces/agents extérieurs. Ce mécanisme lui permet de « ressusciter » quelques heures après sa mort.
Concrètement, « Conan la bactérie » supporte une quantité de rayonnements allant jusqu’à 1 500 000 rads, soit des centaines de fois plus élevées que les doses mortelles pour l’Homme. Certains chercheurs pensent que ce micro-organisme pourrait un jour permettre de créer des périphériques de stockage extrêmement robustes. L’idée serait de stocker les données dans l’ADN de bactéries Deinococcus radiodurans. Comme ça, nous ne risquerions jamais de perdre nos précieuses données même dans le cas d’un évènement apocalyptique. D’autres y voient un moyen de tester la chance de survie des organismes terrestres sur des mondes lointains tels que Mars.