COVID-19 : l’étude concernant une éventuelle transmission du virus par les chiens errants remise en cause par plusieurs scientifiques

Un chercheur de l’Université d’Ottawa (Canada) pointe du doigt les chiens errants. Selon lui, ce seraient ces derniers qui auraient permis au Coronavirus de passer des chauves-souris aux être humains.

Depuis que le COVID-19 est apparu en Chine, les chercheurs sont convaincus que les chauves-souris sont probablement à l’origine du virus. Cela dit, comment ce dernier a-t-il été transmis aux hommes ? Cela fait des mois que les recherches essaient de déterminer qui est l’hôte intermédiaire ayant permis au virus d’infecter les humains.

De nombreuses hypothèses ont alors été avancées quant à l’animal qui a bien pu le transmettre à l’homme. Des recherches avaient suggéré le pangolin ou encore le serpent. Aujourd’hui, une nouvelle étude pointe du doigt les chiens errants, comme quoi ce seraient au fait ces derniers qui auraient permis au Coronavirus de passer des chauves-souris à l’homme.

C’est le Dr. Xuhua Xia, de l’Université d’Ottawa au Canada, qui a avancé l’hypothèse selon laquelle c’est le chien qui pourrait être ce fameux hôte intermédiaire ayant transmis le COVID-19 à l’homme. Dans une étude publiée le 14 avril 2020 dans la revue Molecular Biology and Evolution, le Dr Xia explique avoir basé ses recherches sur le code génétique de la pandémie et d’autres coronavirus.

Ses découvertes suggèrent que le code génétique du COVID-19 lui aurait permis de proliférer librement dans les intestins canins. Ce séjour aurait également « entraîné une évolution rapide du virus. » Ce dernier serait parvenu à se débarrasser de ce qu’on appelle les sites CpG pour passer outre la vigilance du système immunitaire. Ce sont des séquences de code génétique composées de nucléotides C et G qui sont comme des marqueurs servant à alerter de la présence d’un virus invasif.

Ainsi, comme il transporte peu de sites CpG, ce serait grâce à cette parade que le virus COVID-19 serait parvenu à échapper à la vigilance du ZAP, une protéine antivirale que l’on trouve en abondance dans le corps humain et dont la mission est de repérer et s’attaquer à tous les virus jugés invasifs et dangereux pour la santé (comme c’est le cas du Coronavirus).

Les preuves ne sont pas très concluantes

Dans son article publié dans la revue Molecular Biology and Evolution, le Dr. Xuhua Xia a présenté de nombreuses preuves pour étayer son hypothèse à propos du lien entre le Coronavirus et les chiens errants. De nombreux collègues restent cependant sceptiques : c’est notamment le cas du professeur Pleuni Pennings, de l’Université d’État de San Francisco, qui estime que les preuves présentées par le Dr Xia ne sont pas très concluantes.

Impliquée dans un groupe de recherches consacrées aux niveaux de CpG de nombreux virus, le Pr Pennings a pointé plusieurs faiblesses dans l’étude, notamment le fait qu’« Il existe de nombreux virus avec des valeurs CpG inférieures à celles du COVID-19. » Elle a ensuite ajouté que « Même s’il y a une raison évolutive pour expliquer pourquoi le Coronavirus a perdu des sites CpG, cette raison évolutive peut ne pas donner au virus un avantage spécial pour infecter les humains. »

Le Pr Pennings a aussi fait remarquer que les Coronavirus de pangolins contiennent également peu de sites CpG, donc la logique voudrait qu’ils soient autant susceptibles d’être à l’origine de la pandémie que les possibles Coronavirus des chiens errants. Pour l’heure, les preuves avancées par la Dr Xia ne permettent donc pas d’accuser définitivement ces derniers d’être responsables de tous nos tourments actuels.

Photo d’illustration De nunbhakdi / Shutterstock
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Andy RAKOTONDRABE

Il n’y a pas de réussites faciles ni d’échecs définitifs.

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