Une équipe de recherche internationale a examiné 129 pièces de céramique, de poterie et de silex brûlés provenant de sites archéologiques en Jordanie. Les objets ont entre 10 000 et 8 000 ans, selon les techniques de datation.
Le plus intéressant n’est pas leur âge, mais plutôt les informations qu’ils peuvent contenir sur le champ magnétique terrestre à cette période. Les données sur notre champ magnétique à l’époque préhistorique peuvent améliorer notre compréhension actuelle du phénomène. Le champ magnétique de notre planète semble s’affaiblir, ce qui préoccupe les climatologues et les environnementalistes.
Des informations sur l’évolution de notre bouclier atmosphérique
Un article récemment publié dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences détaille cette nouvelle étude. Des chercheurs de l’Université de Tel-Aviv, de l’Institut national de géophysique et de vulcanologie de Rome et de l’Université de Californie à San Diego en sont les auteurs.
Afin de déterminer l’évolution du champ magnétique terrestre, la science s’appuie sur l’analyse de matériaux archéologiques et géologiques. Ceux-ci enregistrent les propriétés de notre bouclier électromagnétique à différentes périodes de l’histoire.
L’exposition à des températures extrêmes permet à ces matériaux de conserver des données précieuses. Ces données restent gravées jusqu’à ce qu’elles soient exposées à une nouvelle augmentation extrême de la température. Les informations recherchées par les physiciens se trouvent dans de minuscules cristaux de minéraux ferromagnétiques.
Davantage de précision avec les artéfacts archéologiques
Les matériaux archéologiques permettant d’étudier l’évolution du champ magnétique sont principalement des artefacts issus de la cuisson dans un four. Il peut s’agir de céramiques, de poteries ou de pièces métalliques. En outre, les chercheurs s’intéressent aux artefacts archéologiques en raison de leur précision.
La datation s’effectue sur quelques siècles de marge – voire des décennies – contre des millénaires avec des matériaux géologiques. Les artéfacts archéologiques ne fournissent malheureusement que des données n’allant pas au-delà de 10 000 ans avant notre ère. Avant cette période, ils n’existaient pas encore.
« C’est la première fois que des silex brûlés provenant de sites préhistoriques sont utilisés pour reconstituer le champ magnétique à partir de leur époque », notent les auteurs dans leur papier. L’année dernière, des travaux menés à l’Université hébraïque de Jérusalem ont démontré la possibilité de travailler avec de tels matériaux. L’extraction de données magnétiques constitue ainsi une nouvelle étape.
Une perte d’intensité il y a 9 000 ans
Les 129 pièces analysées pour la nouvelle recherche ont révélé de précieuses informations. À un certain stade au cours du Néolithique, le champ magnétique terrestre a perdu en intensité. Les valeurs découvertes figurent parmi les plus faibles jamais enregistrées sur les 10 000 dernières années. Il y a ensuite eu une phase de récupération relativement rapide. Le processus d’affaiblissement est en train de se reproduire aujourd’hui à en croire les chercheurs.
« Depuis que les mesures ont commencé il y a moins de 200 ans, nous avons constaté une diminution continue de l’intensité du champ magnétique. Cela soulève une inquiétude : nous risquons de le perdre complètement », notent les auteurs de l’étude. Rappelons que le champ magnétique préserve la vie sur notre planète en offrant notamment une protection contre les radiations cosmiques.