Depuis qu’elles ont été améliorées et perfectionnées, les prothèses ont permis à des millions de personnes amputées de rester indépendantes. Et ce n’est que le début car la technologie médicale continue d’évoluer pour proposer des solutions toujours plus innovantes.
Pour les chercheurs, le prochain défi à relever est la technologie neuroprothétique : des prothèses qui peuvent être contrôlées par la pensée et qui offre une liberté de mouvements à la fois naturelle, fluide, intuitive et en temps réel pour l’utilisateur. Certaines technologies ont déjà pu être mises au point mais le problème est que leur utilisation demande beaucoup de temps d’apprentissage pour la personne qui porte le membre artificiel.
Des scientifiques de l’Université du Michigan sont cependant parvenus à développer une neuroprothèse dont l’utilisation ne nécessite ni apprentissage, ni entraînement ! Menés par Cynthia Chestek, professeur agrégé de génie biomédical, les chercheurs ont mis au point une main prothétique qui se contrôle tout simplement en pensant à des mouvements.
Mais comment ont-ils fait ? Chestek et son équipe se sont concentrés sur les terminaisons nerveuses des personnes amputées autour de laquelle ils ont « enroulé » de minuscules greffes musculaires dans le but d’amplifier leur signal électrique. Les chercheurs ont ensuite développé des algorithmes qui se chargent de l’apprentissage du membre artificiel.
« Vous pouvez faire faire à une main prothétique beaucoup de choses, mais cela ne signifie pas que la personne la contrôle intuitivement. La différence est que cela fonctionne du premier coup juste en y réfléchissant et c’est ce que notre approche offre. Cela a fonctionné la première fois que nous l’avons essayé. Il n’y a pas d’apprentissage pour les participants. Tout l’apprentissage se produit dans nos algorithmes. C’est différent des autres approches. » a fièrement expliqué Chestek.
Des premiers tests encourageants
Les chercheurs ont intégré le dispositif à une prothèse déjà existante et les résultats sont plus qu’encourageants : des tests ont été réalisés en laboratoire et les volontaires ont pu effectuer diverses tâches et mouvements avec leur main bionique. Joe Hamilton, l’un des participants à l’étude, a pu utiliser sa prothèse pour ramasser des blocs avec une pince, soulever des objets sphériques et même jouer à pierre, papier, ciseaux. « C’est comme si vous aviez à nouveau une main. Vous pouvez à peu près faire tout ce que vous pouvez faire avec une vraie main avec cette main. Cela vous ramène à un sentiment de normalité. »
Une avancée technologique
Il s’agit d’une grande avancée pour la technologie neuroprothétique. Cynthia Chestek et ses collègues ne comptent pas y aller de main morte pour pousser leur découverte et la rendre accessible à tous : « Nous n’allons pas arrêter de travailler dessus jusqu’à ce que nous puissions complètement restaurer les mouvements des mains valides. C’est le rêve des neuroprothèses. » Le dispositif a fait l’objet d’un article détaillé dans la revue Science.