Crack, opioïdes, amphétamines, vous avez déjà tous entendu parler de ces produits. Ces trois substances parmi tant d’autres sont des drogues de synthèses qui font des ravages dans le monde entier. Le crack, aussi appelée drogue du pauvre fait des dizaines de morts chaque année et se répand de plus en plus. Pour tenter de trouver une solution à ce phénomène mondial, des chercheurs de l’UBC (Université de Colombie Britannique) viennent de développer un nouveau mode de recherche.
Souvent, lorsque que les autorités découvrent une nouvelle drogue, il est déjà trop tard. Les trafiquants ont bien souvent, une longueur d’avance en la matière. Pour parvenir à identifier une drogue avant même qu’elle n’existe, les chercheurs utilisent l’intelligence artificielle, et s’en remettent à des programmes informatiques pour prédire ce que seront les nouvelles substances psychoactives. Explications.
Une révolution salvatrice ?
Aujourd’hui, le seul moyen d’identifier une nouvelle drogue est de l’analyser une fois saisie sur un consommateur. Ce qui laisse le temps à cette drogue de gangrener une partie de la population. En parvenant à prédire les nouvelles drogues, et donc à empêcher leur fabrication, les chercheurs pourraient bien sauver des vies. Cette étude a été menée par le Dr Michael Skinnider, doctorant aux laboratoires Michael Smith de l’UBC.
Les bases de l’étude
L’équipe de chercheurs s’appuient sur une base de substances psychoactives qu’ils connaissent déjà. Ce peut être des drogues dures, comme la cocaïne ou l’héroïne, mais également des drogues de synthèse en vente libre, comme les opioïdes. En 2020, ces derniers ont fait 93 000 morts par overdose aux Etats-Unis, soit le plus haut taux de décès jamais enregistré en une année. Pour analyser les substances psychoactives, les chercheurs utilisent une base de données fournies par les laboratoires pharmaceutiques du monde entier. Pour parvenir à identifier les composants qui pourraient être utilisés pour créer de nouvelles drogues, les chercheurs ont mis en place un algorithme appelé réseau neuronal profond.
Cet algorithme basé sur l’intelligence artificielle fonctionne structurellement comme un cerveau humain. Les premiers résultats font état de 8.9 millions de molécules qui pourraient potentiellement entrer dans la composition de nouvelles drogues. Les molécules découvertes ont été comparées à 196 drogues de synthèse déjà connues sur le marché, et les résultats attestent que 90% des drogues déjà connues contiennent ces molécules. Ce qui atteste de l’efficacité de l’algorithme, qui serait donc capable de prédire les nouvelles drogues avant même qu’elles ne soient créées.
Une aide pour les forces de l’ordre
Cet dispositif semble donc fiable, mais peut-il vraiment devancer les apprentis Heisenberg ? L’idéal serait de pouvoir empêcher la création de ces drogues mais en pratique, il est difficile de savoir quand les trafiquants vont se mettre à la création. Toutefois, selon les chercheurs, l’algorithme donnerait une chance supplémentaire d’empêcher la création de nouvelles drogues de synthèse à partir de nouvelles molécules.
Est-ce vraiment possible de devancer les trafiquants de drogue ?
Ce serait évidemment une excellente nouvelle que de pouvoir contrer les trafiquants de drogue avant même la création d’un nouveau produit. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il ne vaut mieux pas que cet algorithme tombe entre les mains des fabricants, car cela pourrait produire l’effet inverse de celui escompté, et ouvrir la porte à la création de drogues de synthèse auxquelles les trafiquants n’auraient peut-être pas pensé…