La conférence aérospatiale de l’association Institute of Electrical and Electronics Engineers (IEEE) s’est tenue le dimanche 07 mars 2021. A l’occasion de cet événement, des scientifiques se sont exprimés sur un projet pour le moins atypique qui est de construire une arche lunaire qui pourrait accueillir du sperme, des œufs et des graines de millions d’espèces sur Terre au cas où des situations vraiment dramatiques adviendraient. Il s’agit, en d’autres termes, d’une banque de gènes.
D’après Jekan Thanga, auteur principal de l’étude et chef du laboratoire d’exploration spatiale et robotique terrestre (SpaceTREx) auprès de l’Université de l’Arizona, « l’environnement et la civilisation humaine sont tous deux très fragiles », ajoutant que tous deux pourraient ne pas survivre à des « circonstances vraiment tragiques » comme une éruption supervolcanique, une guerre nucléaire mondiale, un impact d’astéroïdes, une pandémie, l’accélération du changement climatique ou encore une tempête solaire ou une sécheresse mondiale, rapporte Live Science.
Aucune espèce n’est en sécurité sur Terre ?
Les scientifiques pensent que ces circonstances constituent de véritables menaces potentielles pour la biodiversité terrestre et ce n’est qu’en stockant nos données génétiques ailleurs dans le système solaire que nous pouvons assurer la survie des espèces sur Terre. Justement, les chercheurs pensent à un endroit spécifique qui pourrait accueillir et garder nos échantillons en sécurité dans le système solaire : la Lune.
Les chercheurs comptent construire une banque de gènes sur la Lune
La Lune comporterait effectivement des tunnels et des grottes sous sa surface qui ont été creusés il y a plus de 3 milliards d’années. Les scientifiques comptent ainsi y construire l’arche lunaire. Selon Jekan Thanga, « sauf s’il y a un coup direct d’un météore ou d’une attaque nucléaire, l’arche devrait être en bon état et il pourrait y avoir jusqu’à 200 tubes de lave qui pourraient convenir à l’arche ».
Dans un premier temps, les scientifiques proposent de cartographier les tunnels et les grottes creusés par la lave en y envoyant des robots spécialement conçus pour explorer les cavernes. Ils s’appelleront « robots SphereX » et ressembleront à des « pokeballs » avec une moitié supérieure gris métallique foncé et une moitié inférieure en bronze.
Thanga ajoute que ces robots pourront aisément se déplacer dans la faible gravité de la Lune et cartographier les tunnels et les grottes grâce à leurs caméras embarquées et la méthode LIDAR qui utilise la lumière sous la forme d’un laser pulsé pour mesurer les distances. Le but de cette exploration des robots sera de trouver un tube de lave approprié. Une fois cela fait, la construction proprement dite de l’arche lunaire pourra débuter.
Cette arche lunaire sera d’ailleurs alimentée par des panneaux solaires. Elle contiendrait le matériel génétique cryogéniquement préservé de 6,7 millions d’espèces, notamment de plantes, d’animaux et de champignons sur Terre. Les scientifiques estiment déjà qu’il ne faudrait pas moins de 250 lancements de fusées pour transporter ces échantillons sur la Lune.
La réalisation de l’arche lunaire reste compliquée
Thanga a effectivement déjà annoncé la couleur pour le coût de la construction de l’arche lunaire qui s’élève à « des centaines de milliards de dollars ». Mais le scientifique temporise en arguant que cette somme est à portée « pour des collaborations internationales comme l’ONU ».
Outre son coût phénoménal, ce projet pose aussi le défi de ne pouvoir utiliser que des robots pour l’entretien des échantillons sur la Lune. En effet, pour que les échantillons soient conservés cryogéniquement, ils doivent être stockés aux environs de – 180°C et à -196°C. Seuls, des robots utilisant la lévitation quantique pourraient ainsi trier et récupérer des échantillons des modules de cryoconservation. Toutefois, la lévitation quantique n’est pas encore possible pour le moment mais Thanga est confiant que ce n’est qu’une question de temps avant que cette technologie ne se concrétise.
Enfin, les chercheurs estiment que ce projet prendrait 30 ans pour se concrétiser. Mais là encore, ils affirment que si une crise existentielle est imminente, la concrétisation de ce projet pourrait être accélérer pour « être réalisé d’ici 10 à 15 ans si nécessaire ».