Au XIXe siècle, les gens étaient très superstitieux et le manque de connaissances médicales n’arrangeait pas les choses. C’est ainsi qu’en 1800, dans le Connecticut, aux États-Unis, les habitants étaient persuadés que certaines personnes décédées de la tuberculose, à l’époque appelée « consommation, » devenaient des vampires : les gens croyaient que la nuit, les morts revenaient pour tourmenter leurs proches et boire leur sang.
Les familles pratiquaient alors ce qu’on appelait une « exhumation thérapeutique » : ils déterraient le corps de ceux qu’ils soupçonnaient de vampirisme. Les cadavres qui avaient l’air encore frais ou dont les organes étaient encore gorgés de liquides étaient alors décapités et on leur plantait un pieu en bois dans le cœur.
En 1990, le corps d’un de ces fameux « vampires » a été découvert dans un cimetière non marqué du XIXe siècle par des enfants qui jouaient près d’une gravière dans la ville de Griswold. Sur le cercueil du cadavre, il n’y avait aucun nom, juste les initiales « JB55, » ce qui lui a valu le surnom de « Vampire du Connecticut ».
À l’époque, des chercheurs du Musée national de la santé et de la médecine (NMHM) ont pratiqué une analyse ADN à partir d’échantillons prélevés sur l’un des fémurs de JB55 mais les progrès de la science d’alors ne leur avaient pas encore permis d’identifier le corps.
Aujourd’hui, grâce à de nouvelles analyses ADN, les chercheurs ont finalement pu lever le voile sur l’identité du « Vampire du Connecticut » : ils ont commencé par utiliser le profilage de l’ADN chromosomique Y, avant de croiser les marqueurs génétiques avec une base de données généalogique en ligne. C’est ainsi qu’ils sont tombés sur le nom de « Barber. »
Crédit photo : Philip Burne-Jones / Wikipedia
Ensuite après avoir consulté les archives des journaux de l’époque, les chercheurs sont tombés sur une rubrique nécrologique annonçant la mort d’un jeune garçon de 13 ans du nom de Nathan Barber, le fils d’un certain John Barber. Près de la tombe de JB55 se trouvait celle de NB13, NB pour Nathan Barber et 13 pour 13 ans ! Tout porte donc à croire que JB55, le « Vampire du Connecticut, » s’appelle en réalité John Barber.
Cette découverte est une véritable première, non seulement pour l’histoire, mais aussi pour la science et les méthodes d’enquête. Comme l’expliquent les auteurs des recherches : « A notre connaissance, il s’agit de la première étude qui applique des tests ADN pour identifier les restes d’un cas historique sans identité présumée. » Comme quoi, les progrès scientifiques ne cesseront jamais de nous surprendre !