Saviez-vous que les lettres de réclamation ne datent pas d’hier ? Vous en trouverez la preuve au British Museum où est conservée une pièce archéologique considérée comme « la plainte la plus ancienne jamais découverte ». Il s’agit d’une tablette en argile datant de l’ancienne Babylone (1 700 ans avant J.-C.) qui contient une plainte adressée à un certain Ea-nasir.
La tablette d’Ea-nasir a été découverte dans les ruines d’Ur, une importante cité-état sumérienne de l’ancienne Mésopotamie et fait partie de la collection permanente du British Museum depuis 1953. Rédigée en akkadien, une des plus anciennes langues sémitiques connues (langues originaires du Moyen-Orient, comme l’hébreu ou encore l’arabe), la lettre a été traduite grâce au livre « Letters from Mesopotamia : Official, Business, and Private Letters on Clay Tablets from Two Millennia » d’Adolf Leo Oppenheim.
Une histoire de cuivre
La tablette d’Ea-nasir est une lettre de réclamation écrite par un certain Nanni à l’encontre d’Ea-nasir. Son détracteur reproche à ce dernier de lui avoir livré des lingots de cuivre de mauvaise qualité, mais également d’avoir été impoli avec les serviteurs que Nanni avait envoyés pour récupérer les lingots. Le plaignant évoque également des erreurs de direction ainsi que des retards qu’Ea-nasir aurait commis lors d’une livraison ultérieure.
« Quand vous êtes venu, vous m’avez dit la chose suivante : ‘Je donnerai à Gimil-Sin (à son arrivée) des lingots de cuivre de bonne qualité’. Vous êtes parti, mais vous n’avez pas fait ce que vous aviez promis. […] Vous avez proposé des lingots qui n’étaient pas de bonne qualité à mon représentant en lui disant : ‘ Si vous les voulez, prenez-les ; si vous n’en voulez pas, partez ! ’ […] Pour qui me prenez-vous, pour me traiter avec un tel mépris ? […] Y a-t-il quelqu’un parmi les marchands qui commercent avec Telmun qui m’a traité de cette façon ? »
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« Sachez que (désormais) je n’accepterai ici aucun cuivre de mauvaise qualité. Je vais (désormais) sélectionner et prendre les lingots individuellement dans ma propre cour, et j’exercerai contre vous mon droit de rejet parce que vous m’avez traité avec mépris », avait ensuite conclu la lettre de Nanni, sous-entendant qu’à cette époque, le plaignant n’avait pas d’autre choix que de traiter commercialement avec Ea-nasir. Qui sait, peut-être que ce dernier a fait un petit geste commercial pour se faire pardonner…