L’inversion du temps est considérée comme une absurdité pour les humains. Ainsi, nous pouvons assister à de nombreux processus irréversibles dans notre vie quotidienne. Un verre qui tombe sur une surface dure se brise irréversiblement. En mélangeant de l’eau chaude et de l’eau froide, on obtient une température intermédiaire, mais l’inverse est impossible (les deux liquides ne peuvent plus être séparés). En effet, en raison de ce concept d’irréversibilité, les systèmes à notre échelle ne retrouvent plus leur état initial. Mais d’un autre point de vue, des chercheurs suggèrent que les lois fondamentales de la nature relatives à l’équation du mouvement telles que les trois lois de Newton de la mécanique classique sont théoriquement réversibles dans le temps.
D’ailleurs, des scientifiques relient l’irréversibilité quotidienne à la seconde loi de la thermodynamique indiquant que l’entropie d’un système isolé augmente ou reste constant, mais ne diminue jamais. Dans cette nouvelle étude, des physiciens de Darmstadt, en Allemagne, ont examiné la relation entre le vieillissement des matériaux et le temps. Ils auraient fait une découverte surprenante. Selon les résultats de leur observation, les fluctuations des molécules contenues dans un matériau pourraient être réversibles par rapport au « temps matériel ». Décryptage.
Ce qui se passe à l’intérieur des matériaux
Des matériaux désordonnés tels que le verre et le plastique sont composés d’un enchevêtrement de molécules, qui sont en mouvement constant. Ces particules cherchent en permanence un état énergétique plus favorable. Cela entraîne une modification des propriétés du matériau au cours du temps. Il s’agit du « vieillissement » d’un matériau dans le domaine de la physique de la matière condensée. Il est à souligner que, dans certains matériaux comme le verre à vitre, il faut des milliards d’années pour « vieillir ».
Ce processus de vieillissement est influencé par le « temps matériel ». Les physiciens comparent ce concept de temps matériel à une « horloge interne » dont le tic-tac diffère celui de l’horloge ordinaire. Ainsi, l’écoulement du temps matériel varierait selon la vitesse avec laquelle les molécules se réarrangent à l’intérieur d’une matière. Il est à noter que ce concept a déjà été découvert, il y a environ cinq décennies. Mais aucun scientifique n’a pu le mesurer jusqu’à ce jour. L’équipe de physiciens qui a participé à cette étude aurait franchi cette étape.
L’expérience menée par ces chercheurs
Dirigé par le professeur Thomas Blochowicz, ce groupe de recherche a utilisé une caméra vidéo ultrasensible pour pouvoir filmer les minuscules fluctuations des molécules à l’intérieur du matériau observé. Ensuite, il a pointé un laser vers un échantillon en verre. Il a constaté que les molécules diffusaient des faisceaux lumineux qui se chevauchent, formant ainsi un motif désordonné de taches claires et sombres sur le capteur de la caméra. Grâce à certaines méthodes statistiques, ces physiciens sont parvenus à déterminer la variation des fluctuations dans le temps, considérée ici comme la vitesse de fonctionnement de l’horloge interne de la matière.
Des chercheurs de l’Université de Roskilde, au Danemark, ont également participé à l’analyse statistique des fluctuations moléculaires. Les deux équipes ont découvert des résultats impressionnants. Elles affirment que ces fluctuations moléculaires sont, en théorie, réversibles en termes de temps matériel. Cela signifie que celles-ci devraient ne pas changer si le temps matériel s’écoulait à l’envers. D’après ces chercheurs, leur découverte permet de mieux comprendre la partie irréversible du vieillissement d’un matériau, expliquent ces chercheurs. Ils ont précisé que les nombreux minuscules mouvements des particules dans une matière à l’échelle du temps matériel ne contribuent pas à son vieillissement au fil du temps. Dans cette étude, ces physiciens ont examiné deux classes de matériau, qui sont le verre et le plastique. Ils ont par ailleurs réalisé une simulation informatique d’un matériau modèle. Selon eux, les résultats étaient similaires pour ces trois différents modèles. Plus d’informations : Phys.org. Que pensez-vous de cette découverte ? N’hésitez pas à partager votre avis, vos remarques ou nous signaler une erreur dans le texte, cliquez ici pour publier un commentaire .