Nous sommes nombreux à commander du vin dans les restaurants (quand ils ne sont pas fermés à cause du confinement), à ouvrir une bouteille lors d’un dîner en amoureux ou un repas en famille, ou à offrir du vin à nos proches lorsqu’ils nous invitent à leur domicile. Le vin fait effectivement chic, apporte une certaine classe à un repas et semble être toujours apprécié de tous, bu avec modération bien sûr. Particulièrement, lorsqu’on sait ou que l’on croit que la bouteille coûte chère !
Il est déjà arrivé qu’un restaurant se trompe de vin à servir !
Imaginez la scène : Quatre employés de Wall Street se rendent dans l’un des restaurants les plus prestigieux de New York. Ils s’y font servir la bouteille de vin la plus chère : un Mouton Rothschild de 1989 qui coûte la modique somme de 2000 dollars. L’hôte du groupe, qui s’autoproclame connaisseur en vin, souligne que le vin est d’une pureté exceptionnelle. Pourtant, en réalité, le groupe avait accidentellement reçu la bouteille la moins chère du restaurant ! Un pinot noir qui vaut 18 dollars.
Alors que l’on pourrait penser que cette scène ne se produirait probablement pas dans la vie réelle, détrompez-vous. Cela est réellement arrivé en 2020. En fait, la bouteille reçue par les travailleurs de Wall Street était celle qu’avait commandé un jeune couple à proximité et réciproquement. Le propriétaire du restaurant s’est naturellement excusé auprès des tables mais, comme on peut l’imaginer, le jeune couple était reparti plus heureux de cette méprise que le groupe de travailleurs de Wall Street.
Une croyance renforcée par une expérience menée par des étudiants en psychologie
Cette mésaventure – du moins, pour les travailleurs de Wall Street – se rencontrerait fréquemment dans la vie quotidienne, même si les vrais experts en vin reconnaissent mieux la différence entre les vins de qualité et les vins à bas prix que les autres consommateurs. Toutefois, des chercheurs ont pris le soin d’examiner ce phénomène de plus près, à savoir, pourquoi un vin abordable devient plus appréciable lorsque l’on croit qu’il coûte cher.
L’expérience a été menée lors d’un événement public à l’Université de Bâle, en Suisse. Le département de psychologie avait effectivement proposé une dégustation de vins qui a attiré 140 visiteurs. Pour chaque dégustation, les participants étaient installés sur une table différente de celles des autres participants et on leur demandait de ne pas révéler l’expérience aux autres afin de ne pas influencer sur leur dégustation du vin.
Le département de psychologie a présenté 6 verres de vin aux participants, 3 sans étiquette et 3 contenant une étiquette indiquant un prix faible, modéré et élevé. A noter toutefois que les verres de vins étiquetés pouvaient être subtilisées de manière à révéler un prix quatre fois plus élevé ou moins élevé.
Le vin coûteux reste néanmoins facilement reconnaissable, même en faussant son prix
L’expérience a révélé que les participants n’ont relevé aucune différence dans les notes d’agrément des vins non étiquetés. En revanche, les participants avaient tendance à plus apprécier le vin indiquant le prix le plus élevé – même si celui-ci était en réalité le vin à faible coût.
Cette étude, parue dans Food Quality and Preference, était la première à évaluer l’intensité perçue des dégustations à l’aveugle dans un contexte réel et a démontré que la plupart des buveurs de vin croient percevoir quelque chose de différent lorsqu’ils croient boire un vin haut de gamme. Néanmoins, l’étude a également démontré que la réduction de prix d’un vin coûteux n’en diminuait pas pour autant la perception de ses notes globales et de son caractère agréable, même chez les non connaisseurs.