L’environnement dans lequel une personne évolue contient une quantité incalculable d’informations. Nos capacités cognitives ne nous permettent pas de les traiter toutes. Cependant, le cerveau est en mesure de gérer ce volume considérable d’informations de manière inconsciente.
Des phénomènes physiologiques se manifestent alors à travers le corps selon que la situation est favorable ou défavorable. Personne ne veut faire de mauvais choix. L’intéroception est le moyen par lequel nous pouvons prendre judicieusement une décision. Cette prédisposition est définie comme la faculté à jauger de manière précise son activité physiologique, comme le rythme cardiaque.
Un processus complexe
Le processus de collecte inconsciente d’informations facilite l’apprentissage et la conception de modèles; notre conscience n’a pas accès à la base de données qui a été constituée pour éviter la surcharge d’informations. Seule la capacité de percevoir les états internes nous permet d’utiliser ces données.
La recherche la plus notable sur l’interoception est celle du chercheur américain en psychologie cognitive Pawel Lewicki. Dans son expérience, les participants ont regardé un écran d’ordinateur sur lequel une croix apparaissait et disparaissait. L’emplacement de la cible changeait à chaque réapparition. Les participants devaient prédire où la croix allait apparaître. Les prédictions étaient de plus en plus précises après plusieurs heures d’exercice sans que les participants n’arrivent à l’expliquer.
Démonstration de l’intéroception à travers deux études
La croix réapparaissait selon un algorithme trop complexe pour l’intellect, note le professeur Lewicki dans son papier. « Le système cognitif humain n’est pas équipé pour gérer de telles tâches à un niveau consciemment contrôlé », précise-t-il. Lorsqu’un schéma potentiellement pertinent est détecté, la faculté intéroceptive avertit avec : un frisson, un soupir, une accélération de la respiration ou une tension des muscles.
Le neuroscientifique Antonio Damasio de l’université de Californie du Sud a fait les mêmes observations dans son étude. Son expérience consistait en un jeu de cartes numérique: les participants, qui avaient droit à une mise de départ de 2 000 dollars, devaient choisir une carte parmi quatre decks pour gagner de l’argent.
Choisir une mauvaise carte leur faisait perdre de l’argent. Après plusieurs heures, grâce à des électrodes, le professeur et son équipe ont pu observer des changements physiologiques lorsqu’un joueur allait choisir une mauvaise carte.
Suivre son intuition ne serait pas si irrationnel
Le corps peut avoir accès à des informations complexes que l’intellect n’est pas en mesure de traiter. Il collecte et traite également ces données à un rythme beaucoup plus rapide que celui de la conscience. L’intéroception nous permet d’être à l’écoute de notre corps. Ce processus pourrait alors être ce que l’on appelle plus communément l’intuition.