L’hypothétique planète 9 a fait la une des journaux pour la première fois en 2016 lorsque deux chercheurs du California Institute of Technology affirmaient avoir trouvé la preuve de l’existence d’un objet massif dix fois plus grand que la Terre, en orbite 20 fois plus loin du soleil que Neptune. Grâce à des simulations informatiques, Mike Brown et Konstantin Batygin ont réussi à déterminer le possible emplacement du mystérieux corps céleste.
Pour ce faire, le duo s’est penché sur l’observation de six objets transneptuniens dont l’orbite semblait être perturbée par une mystérieuse force gravitationnelle. Il s’avère que la planète Neuf est à l’origine de cette perturbation. Néanmoins, une nouvelle étude réfute aujourd’hui cette hypothèse.
Des indices caducs ?
Déposé sur la plateforme arXiv, le texte qui a été rédigé par Kevin Napier, étudiant au doctorat en physique à l’Université du Michigan, semble donc contester l’analyse de Brown et Batygin. Napier et ses collaborateurs avancent que des biais de sélection ont conduit leurs collègues du California Institute of Technology à émettre l’hypothèse de l’existence d’une neuvième planète au sein du système solaire.
La planétologue Stephanie JH Deppe, co-autrice de la nouvelle étude, a récemment partagé son point de vue sur Twitter. « Toute preuve de la planète Neuf a disparu. Elle n’existe pas », a-t-elle déclaré, suggérant que les précédentes révélations concernant l’existence d’une telle planète sont probablement caduques.
https://twitter.com/SpaceSciSteph/status/1359952481367695360
Une théorie qui n’est pas totalement « morte »
Est-ce que cela signifie que cette nouvelle étude enterre de façon définitive l’hypothèse de la neuvième planète du système solaire ? Pas tout à fait, car les chercheurs soulignent dans leur publication que leur travail ne rejette pas catégoriquement l’ancienne théorie.
Les effets dynamiques du mystérieux corps céleste « ne sont pas encore assez bien définis pour falsifier son existence avec les données actuelles ». Du coup, dans une autre publication sur le réseau social à l’oiseau bleu, Stephanie JH Deppe précise que la théorie de la planète 9 « n’est pas morte ». Au lieu d’enterrer totalement l’hypothèse, le nouveau rapport vient donc simplement la nuancer.
(I will note that the entire Planet Nine theory isn't dead, just this part of it) https://t.co/28SmhvBC3q
— Stephanie Deppe, PhD (@SpaceSciSteph) February 11, 2021
Des biais de sélection
Comme mentionné plus haut, les astronomes pensent qu’il y a des biais de sélection dans les travaux de Brown et Batygin. La conclusion émise par ces chercheurs du Caltech est effectivement basée sur des observations d’une petite partie du ciel à certaines périodes de l’année, à une heure précise de la journée.
Le regroupement des objets transneptuniens serait ainsi la conséquence du moment et de l’endroit où les observations ont été effectuées. En fait, ceux-ci ne sont visibles que lorsque leur orbite est la plus proche du Soleil. Un autre problème évoqué par Kevin Napier et son équipe est la sensibilité limitée et variable des télescopes existants. Une contrainte technique qui devrait être éliminée lorsque l’observatoire Vera C. Rubin (Chili) sera opérationnel en 2022.