La pleine conscience a dépassé la dimension d’une banale méditation qui trouve ses origines dans la doctrine bouddhiste. Elle se place désormais au cœur de la puissante industrie du bien-être. Les célébrités hollywoodiennes, les chefs d’entreprise et les hommes d’affaires sont ses principaux ambassadeurs. Leurs réussites respectives reposeraient sur cet état de conscience: ce dernier garantirait aussi leur bonne santé et leur bonheur. L’industrie qui s’est érigée autour de la pleine conscience est aujourd’hui estimée à un milliard de dollars. Un chiffre qui devrait bientôt se multiplier par 9 !
Un début au sein de l’Institut de technologie du Massachusetts
Comparer la méditation de pleine conscience à une pratique spirituelle traditionnelle est plutôt réducteur, car celle-ci a gagné une certaine dimension scientifique à la fin des années 70.
Jon Kabat-Zinn est celui qui a donné à la méditation de pleine conscience sa renommée actuelle. Les choses ont commencé dans la deuxième moitié des années 60: pendant son cursus à l’Institut de technologie du Massachusetts, aux États-Unis, le jeune étudiant s’adonne beaucoup au yoga et à la méditation. À la fin de ses études, il va s’appuyer sur son expertise en biologie moléculaire pour développer des traitements contre le stress.
Quand la pleine conscience s’est rationalisée
Le professeur Kabat-Zinn a créé la clinique de réduction du stress en 1979. La plupart de ses travaux portent sur la méditation de pleine conscience. Son ambition est d’enlever la dimension mystique de la pratique traditionnelle: il s’agit d’en faire un traitement thérapeutique basé sur des méthodes empiriques. La faculté de médecine de l’université de Boston lui sert alors de terrain d’étude. Celui qui est considéré comme le père de la méditation de pleine conscience moderne fournit un travail minutieux pour rationaliser la pratique, en proposant des études scientifiques qui prouvent son efficacité: la méthode de méditation aide à prévenir des troubles anxieux, mais peut aussi se révéler efficace pour la prévention des rechutes dépressives. L’ensemble des travaux de Kabat-Zinn a permis à la pleine conscience de se faire une place dans le monde médical.
Dénaturée par les sceptiques
En apportant une dimension rationnelle à la pleine conscience, Kabat-Zinn voulait avant tout soigner, et le chercheur a fait de la méditation un traitement thérapeutique. Mais toutes les thérapies ont des contre-indications, et la méthode de pleine conscience n’échappe pas à cette règle. Les séminaires, les émissions de télévision, les ouvrages littéraires et les réseaux sociaux l’ont d’une certaine manière dénaturée. La thérapie est aujourd’hui présentée comme un remède miracle afin de nourrir un marché très lucratif. De nouvelles formes de la pratique font leur apparition avec des promesses toujours plus démesurées, mais il n’existe aucun traitement miracle pour la quête du bien-être et de la réussite. La méditation de pleine conscience rationnalisée par Kabat-Zinn peut certes soigner, mais elle possède ses limites.