Une explosion d’algues, il y a quelques centaines de millions d’années, serait à l’origine de l’humanité et des autres formes de vie animale. L’humanité et les algues peuvent donc avoir quelque chose en commun. Les scientifiques pensent que le secret de nos attributs sexuels masculins et féminins réside dans les algues.
Une équipe de l’université de Tokyo, en collaboration avec des chercheurs d’autres universités du Japon, s’intéresse particulièrement à une algue verte appelée Pleodorina starrii. Cette espèce possède trois sexes distincts : mâle, femelle et un troisième sexe que les chercheurs ont baptisé bisexuel.
Un nouveau système de reproduction haploïde
« Il semble très rare de trouver une espèce avec trois sexes, mais dans des conditions naturelles, je pense que ce n’est peut-être pas si rare », a expliqué le biologiste Hisayoshi Nozaki de l’université de Tokyo et membre de l’équipe de recherche. Les algues ne constituent pas une classification scientifique très spécifique.
Le terme est plutôt informel et désigne un large éventail de créatures eucaryotes différentes. Leur point commun est qu’elles utilisent la photosynthèse pour obtenir de l’énergie. Les algues ne sont pas des plantes, car il leur manque de nombreuses caractéristiques végétales. Elles ressemblent encore moins à des bactéries ou à des champignons.
Plusieurs modes de reproduction
Cette diversité se traduit par plusieurs modes de reproduction : la méthode asexuée, par clonage, et la méthode sexuée, avec un partenaire. La reproduction peut également être soit haploïde, avec un seul jeu de chromosomes, soit diploïde, avec deux jeux de chromosomes. Par ailleurs, il existe des algues hermaphrodites qui peuvent changer selon l’expression des gènes de l’organisme.
La forme bisexuelle de Pleodorina starrii repose sur des cellules reproductrices mâles et femelles. Les chercheurs japonais la décrivent comme un nouveau système d’accouplement haploïde totalement unique chez les algues. L’algue trisexuée forme des colonies végétatives du même sexe et possède de petites cellules sexuelles mobiles (mâles) et de grandes cellules sexuelles immobiles (femelles). Cette configuration est assez similaire à la nôtre.
Vers la découverte d’autres espèces avec trois sexes distincts
La coexistence de trois phénotypes sexuels au sein d’une même espèce biologique n’est peut-être pas inhabituelle dans les populations sauvages, estiment les chercheurs. « La poursuite des études sur le terrain pourrait révéler une plus grande existence de trois phénotypes sexuels chez d’autres espèces de volvocines », expliquent-ils.
Il convient de noter que les volvocines sont les algues les plus primitives. Depuis environ 30 ans, le professeur Nozaki collecte des échantillons d’algues dans la rivière Sagami, dans la banlieue de Tokyo. Des échantillons prélevés dans des lacs le long de la rivière en 2007 et 2013 ont été utilisés par l’équipe pour cette nouvelle découverte.