Originaire de la Caroline du Nord et de la Caroline du Sud, aux États-Unis, la Dionée (Dionaea muscipula) est une plante carnivore qui fascine les scientifiques depuis des lustres. Connue également sous l’appellation de « Vénus Attrape-mouches », un nom qui lui a été attribué par le botaniste suédois Carl von Linné vers la fin du 18e siècle en hommage à la déesse grecque de l’amour et de la beauté. Elle vient de faire l’objet d’une nouvelle étude scientifique, nous rapporte Science Alert et les résultats ont été publiés le site Nature.
Une nouvelle approche
La plupart d’entre nous savent certainement déjà que comme les humains et les animaux, les plantes utilisent des signaux électriques, un peu comme notre système nerveux. Mais capturer les champs magnétiques générés par celles-ci n’est pas chose aisée. En 2011, des scientifiques ont par exemple tenté de mesurer le champ magnétique autour d’un Arum titan (Amorphophallus titanium), une plante à l’odeur nauséabonde de la famille des Aracées dont inflorescence est l’une des plus hautes du monde.
Malheureusement, cette étude n’a pas fourni les résultats espérés étant donné que le champ magnétique généré par la plante était largement inférieur à celui de la Terre. Aujourd’hui, une autre équipe s’est penchée sur le même sujet avec la Dionée.
Une plante qui piège les insectes
La Dionée, attrape-mouches de Vénus, est une plante qui aime dévorer des insectes. Les potentiels d’action sont des explosions rapides d’activité électrique qui lui permet de chasser. Le limbe (organe située à l’extrémité du pétiole), de 1 à 3 cm, assure à cet effet la fonction de piège. Il est en mesure de se refermer en 1 /30e de seconde à 3 secondes, en fonction de la température ambiante. Plusieurs éléments déclencheurs peuvent entrainer la fermeture de cette petite structure en forme de mâchoire articulée.
Elle se referme notamment lorsque la plante est touchée, blessée, affectée par la chaleur ou le froid, ou chargée de liquide. Pour leur étude, les chercheurs ont stimulé la plante thermiquement et ont utilisé un magnétomètre à cellule de verre pour évaluer les perturbations magnétiques.
Des champs magnétiques mesurables
Les signaux magnétiques mesurés ont atteint une amplitude de 0,5 picotesla, ce qui est comparable aux impulsions nerveuses chez l’homme. « Nous avons pu démontrer que les potentiels d’action dans un système végétal multicellulaire produisent des champs magnétiques mesurables, ce qui n’avait jamais été confirmé auparavant », s’est réjouie Anne Fabricant, physicienne auprès de l’Université Johannes Gutenberg de Mayence (JGU) en Allemagne.
Cette découverte n’est pas sans importance. Elle aide à mieux comprendre la base moléculaire du biomagnétisme chez les plantes vivantes. De plus, elle signifie que les plantes pourraient être scannées suivant une méthode proche l’IRM (imagerie par résonance magnétique) pour déterminer une maladie ou une quelconque anomalie au lieu de les abimer.