Deux chercheuses du laboratoire d’archéologie de l’Université hébraïque de Jérusalem, Talia Yashuv et Leore Grosman, ont étudié les pierres circulaires trouvées sur le site de fouilles de Nahal-Ein Gev II, dans le nord d’Israël. D’après leur étude, publiée dans la revue scientifique PLOS ONE, ces galets perforés seraient des fusaïoles natoufiennes. Des outils anciens pour filer les fibres en fil, et représenteraient la première technologie de filage rapide qui, notons-le, est semblable à celle de la roue. L’origine de la roue serait-elle donc beaucoup plus ancienne que nous le pensions ? Cette nouvelle étude vient relancer le débat…
Des pierres vieilles de 12 000 ans
Les chercheuses israéliennes estiment que les pierres trouvées sur le site de Nahal Ein-Gev II datent de 12 000 ans avant notre ère. Environ 60 % d’entre elles sont rondes et de forme symétrique, tandis que le reste a des formes plus anguleuses et irrégulières. Par ailleurs, la plupart de ces galets seraient fabriqués principalement en calcaire tendre, avec quelques pièces constituées de minéraux basaltiques. À noter que le site de Nahal Ein-Gev II est situé dans la vallée du Jourdain, à environ 2 km à l’est de la mer de Galilée, sur les rives de l’oued Ein-Gev. 113 pierres perforées y ont été découvertes et ont été classées en trois groupes selon l’état de perforation : 48 pièces avec perforation complète, 36 pièces brisées avec des trous partiels et 29 pièces inachevées avec une ou deux marques de perçage. Ce qui, selon Talia Yashuv et Leore Grosman, suggère une production locale des pierres.
More than 100 perforated soft limestone pebbles uncovered at the early village site of Nahal Ein-Gev II, which is located near the Sea of Galilee, may have been used as spindle whorls to produce yarn or cord some 12,000 years ago.
“These perforated stones are actually the first… pic.twitter.com/wcpbpNWTZi
— The History Of The Land Of Israel Podcast (@TheHistoryOfTh5) November 15, 2024
Une étude basée sur des modèles en 3D
Les chercheuses indiquent qu’elles ont utilisé une méthode innovante d’étude des objets perforés, qui consiste à utiliser des modèles en 3D afin d’examiner la morphologie des pierres et celle des perforations. Pour produire des modèles numériques en 3D à haute résolution des galets, elles ont utilisé un scanner à lumière structurale. Après avoir étudié leur structure et leur composition, et effectué une analyse informatique 3D, les archéologues ont déduit que ces pierres étaient utilisées comme fusaïoles. Une hypothèse également étayée par la réussite du filage du lin à l’aide de leurs répliques. « L’aspect le plus important de l’étude est la façon dont la technologie moderne nous permet de toucher les empreintes digitales des artisans préhistoriques, puis d’apprendre quelque chose de nouveau sur eux et sur leur capacité d’innovation, et en même temps, sur notre technologie moderne et sur la façon dont nous sommes liés », ont-elles ajouté.
Ces pierres seraient-elles les premières roues ?
D’après les chercheuses, ces pierres représentent la première preuve de la technologie de rotation à roue et mettent en lumière les innovations technologiques de la culture natoufienne au cours de son évolution décisive vers un mode de vie agricole. Leore Grosman considère d’ailleurs ces galets perforés comme les premières roues, en termes de forme et de fonction.
Les archéologues expliquent qu’en examinant de plus près les propriétés de l’assemblage de fuseaux NEG II, elles peuvent démontrer que le potentiel rotationnel de ces objets est intrinsèque aux propriétés mécaniques des roues. Cette utilisation précoce a ouvert la voie à de futures innovations rotatives, des avancées clés qui ont révolutionné l’histoire technologique humaine comme la roue de charrette. Plus d’informations : DOI: 10.1371/journal.pone.0312007. Pensiez-vous que l’invention de la roue était aussi ancienne ? Je vous invite à partager votre avis, vos remarques ou nous signaler une erreur dans le texte, cliquez ici pour publier un commentaire .