Nous, Français, jouissons d’une petite réputation dans le monde entier ! Nous serions des râleurs invétérés qui jurent à tout-va, insultent dès que possible… Et il faut bien avouer que dans les embouteillages, les insultes et les doigts levés ont tendance à fuser de toute part ! Dans l’inconscient collectif, ceux qui jurent ou insultent sont dénués de vocabulaire et parfois jugés comme intellectuellement limités. Être vulgaire est souvent assimilé à un statut social inférieur et à un manque d’éloquence. Les gens vulgaires peuvent aussi être considérés comme moins efficaces dans leur travail et moins avenants… Mais de récentes recherches en linguistique auraient tendance à prouver que c’est en fait tout le contraire. Une étude intéressante qui va vous apprendre bien des choses !
L’étude en question
En partant du principe que les gens qui jurent sont ceux qui ne trouvent pas les bons mots, l’université du Massachussets a réalisé une étude précise. Dans cette étude, les scientifiques estiment que ce sont plutôt les onomatopées du style euh ou hum qui traduisent un manque de vocabulaire. Et au contraire, l’équipe de chercheurs estime même que maîtriser les jurons, donc l’argot, serait un signe de fluidité verbale… Et donc signe d’une grande éloquence, voire d’une haute intelligence ! Ceux que l’on appelle les « gros mots » seraient destinés à fournir une expression émotionnelle intense. Lorsque ces mots sont utilisés à bon escient, ils seraient en fait le signe d’une parfaite maîtrise de la langue orale.
Démystifier l’hypothèse POV
L’hypothèse POV (Poor On Vocabulary) suggère qu’il devrait y avoir une corrélation négative : plus vous jurez, plus vos prouesses verbales sont faibles. Les équipes de scientifiques cognitifs du Marist College et du Massachusetts College of Liberal Arts tentent de prouver le contraire. Plus vous jurez, plus votre vocabulaire est riche. Pour parvenir à ce résultat, ils ont effectué trois études avec une mesure connue de la fluidité verbale appelée COWAT (test d’association de mots contrôlés). Le déroulement de cette étude demande aux participants de prononcer le plus de mots possibles commençant par une lettre de l’alphabet, et tous les mots sont acceptés ! La quantité de mots données est ensuite analysée par un score de fluidité. Puis dans un deuxième temps, les mêmes participants doivent reprendre la même lettre, mais en ne prononçant que des jurons pendant une minute.
Les résultats de ces études
Les résultats ont montré que les participants avaient prononcé 400 mots tabous différents, et cette fluidité était parfaitement corrélée dans le test COWAT. En d’autres termes, plus les participants pouvaient citer des mots tabous, plus ils s’exprimaient facilement à l’oral. Cette découverte est en fait un petit « doigt d’honneur » à ceux qui pensent que les gens vulgaires ne sont pas intelligents. Cependant attention, ces résultats doivent être pris avec précaution: la connaissance de mots tabous n’implique pas forcément leur utilisation. L’étude ne dit pas qu’employer des mots vulgaires est signe d’intelligence, seulement le fait de les connaître… Le vrai signe d’intelligence serait peut-être de les avoir en stock, mais surtout de savoir les placer au bon endroit au bon moment, au lieu d’invectiver sans raison… Une bonne insulte bien placée peut parfois soulager celui qui la prononce non ?