Vous êtes gauchers et vous pensez que votre espérance de vie est plus faible que celle des droitiers ? Peut-être avez-vous eu connaissance d’une étude menée en 1991 par deux scientifiques de l’université de Columbia.
Il y a 30 ans, le professeur Stanley Coren et la psychologue Diane Halpern affirmaient que les gauchers mourraient plus jeunes que les droitiers. Une étude menée sur 2000 personnes titrait d’ailleurs « Gaucher : un marqueur d’une diminution de la capacité de survie ». Aujourd’hui, cette étude est remise en question, pour la simple et bonne raison que les cas étudiés n’étaient pas tous de vrais droitiers. On vous explique tout.
Pourquoi l’étude est erronée ?
Selon la BBC, cette très sérieuse étude parue tout de même dans la revue scientifique Pubmed se basait sur une erreur assez subtile. 2000 personnes ont participé à cette étude, et les résultats furent sans appel : les droitiers avaient une espérance de vie de 75 ans, et les gauchers de 66 ans.
Retour en 1991: les participants à cette étude étaient tous nés dans les années 50-60-70… Or à cette époque, être gaucher était très mal vu et on forçait les gauchers à devenir droitier. Dès leur plus jeune âge, les enfants nés gauchers étaient contraints, par des méthodes plus ou moins controversées, d’écrire de la main droite; on les appelle d’ailleurs les « gauchers contrariés ».
Chris McManus, professeur de psychologie et d’éduction médicale à l’University College London, également auteur de Right Hand, Left Hand rappelle qu’à cette époque : « les gauchers sont devenus stigmatisés –vus comme incompétents, stupides ». Puis au fil du temps, les gauchers ont pu rester gaucher, et représentent aujourd’hui environ 11% de la population.
Mais les scientifiques de l’époque avaient-ils ces données ?
Apparemment non, les deux scientifiques qui avaient avancé ces résultats ne pouvaient pas savoir qu’ils avaient affaire à des gauchers contrariés, et ce, pour la simple et bonne raison que les participants ne le savaient pas eux-mêmes.
Pour aller plus loin, les chercheurs actuels pensent que les vrais gauchers ayant participé à cette étude de 1991 étaient statistiquement plus jeunes que les droitiers, ces derniers comprenant des gauchers contrariés; en faisant le ratio entre le nombre de morts chez les gauchers, et leur âge, ils tombaient obligatoirement sur un résultat erroné, puisque les « vrais » gauchers comptabilisés étaient forcément des générations suivant celles des gauchers contrariés par leur époque.
Ils ne meurent donc pas plus jeunes ou plus vieux que les droitiers.
Cette correction a au moins le mérite de casser les idées reçues sur les gauchers, et elles sont encore nombreuses.
Le top 3 des idées reçues sur les gauchers
Aucune étude scientifique ne prouve ce que ces idées reçues avancent…. A savoir :
- Ils sont meilleurs sportifs que les droitiers: les gauchers sont présents et compétents dans le milieu du sport de haut niveau (Nadal, Pelé…). En fait, le gaucher sollicite l’hémisphère droit de son cerveau, celui qui analyse les déplacements de l’adversaire par exemple; le gaucher a donc un temps d’avance sur le droitier dans le tennis ou les sports à un contre un.
- Ils sont plus intelligents: Einstein ou Michel-Ange étaient gauchers, mais cette croyance ne veut pas dire qu’ils sont plus intelligents que les droitiers; simplement, l’hémisphère droit sollicité par les gauchers est celui de la perception et de la créativité.
- Des maladroits ces gauchers ! D’ailleurs, ne dit-on pas de quelqu’un qui est maladroit, qu’il est « gauche »? Or, il y a bien plus de maladroits chez les droitiers que chez les gauchers si l’on rapporte les chiffres au nombre de droitiers. Evidemment, puisque les gauchers sont moins nombreux, il est rapide de conclure qu’ils sont plus maladroits. Mais n’est-ce pas également la faute des objets inadaptés aux gauchers : ouvre-boîte, ciseaux… Il faudrait y penser !