Comme vous pouvez le constater, nous aimons vous parler d’inventions en tous genres, de la plus utile à la plus déjantée. Les inventions sont probablement ce qui fait « avancer » le monde, et répondent à des problématiques que nous rencontrons. Et, pour qu’un produit soit qualifié d’invention, il faut déposer et obtenir un brevet d’invention. Avec l’arrivée de l’Intelligence Artificielle (IA), les inventions pourraient être mises à mal. Dans sa rubrique Maudite Job ! sur le site Les Affaires, Olivier Schmouker recueille les questions des internautes. L’une d’elles nous a interpellé, puisqu’un internaute, Samuel, se demande si l’IA peut l’empêcher d’être reconnu comme le « père de son invention ». Décryptage.
Une question qui soulève l’inquiétude
Samuel se demande donc s’il sera considéré comme l’inventeur de son produit, qu’il a développé avec l’aide d’une IA. Et, le journaliste explique que cette question pourrait devenir existentielle tant le flou juridique règne autour de l’IA. Nous sommes actuellement dans une ère que l’on appelle « Centaure » qui définit le nombre grandissant d’inventions créées avec l’aide de l’IA. En réalité, les humains imaginent l’invention, mais sont aidés par l’IA pour la finaliser. Il serait donc logique de considérer l’humain inventeur, comme le véritable créateur de l’invention. Soit, mais si l’IA a développé l’invention, alors elle est la véritable conceptrice du projet ? Pour tenter de répondre à cette question, deux spécialistes de l’IA ont donné leur interprétation de la création par l’IA et des problèmes juridiques qui pourraient en découler.
La version de Yuan Hao, chercheuse à l’École de droit de Berkeley
Conformément à la législation américaine sur les brevets, le créateur est désigné comme « concepteur », une personne dont l’esprit a engendré une idée nouvelle et l’a développée pour lui donner une forme précise et permanente. Selon cette chercheuse, l’IA peut être considérée comme le « véritable inventeur », du moins en théorie. L’IA fournit, en effet, une solution concrète et inédite à un problème soulevé par l’être humain. Cette perspective engendre la difficulté de déterminer l’inventeur humain dans de nombreux cas, car c’est l’IA qui génère l’invention complète et fonctionnelle.
La version de Mark A. Lemley, professeur de droit à l’École de droit de Stanford
Pour Mark A. Lemley, le problème réside plutôt dans la formulation des bonnes questions plutôt que dans l’invention réelle. Concrètement, ce n’est pas l’humain qui résout un problème rencontré, mais l’Intelligence Artificielle. Cela impliquerait que le véritable inventeur de la solution n’est pas l’humain, mais l’IA ! Les conséquences sont donc que les droits d’auteur ne reviennent plus à l’inventeur humain, mais à l’IA. Dans ce contexte, il est concevable qu’un inventeur dépose un brevet demain matin et qu’une multinationale s’approprie sans scrupules son invention. L’entreprise justifierait alors cette appropriation par le fait qu’il n’est pas, du point de vue légal, le véritable inventeur. Pour lui, l’IA menacerait donc aussi le monde des inventions et la protection de ces dernières.
L’IA, une menace pour les inventions ?
Yuan Hao et Mark A. Lemley expriment leurs inquiétudes à ce sujet. En effet, il pourrait être envisagé que toute création réalisée à l’aide de l’intelligence artificielle soit automatiquement considérée comme appartenant au domaine public. Une autre option serait d’accorder le statut d’inventeur aux IA. Cependant, cela engendrerait de nouvelles problématiques complexes, notamment en ce qu’elle priverait essentiellement les êtres humains de leur rôle d’inventeur, puisque leur contribution consiste la plupart du temps à identifier le problème à résoudre. Que pensez-vous de ce problème ? La paternité d’une invention peut-elle revenir à une IA ? Je vous invite à nous donner votre avis, vos remarques ou nous remonter une erreur dans le texte, cliquez ici pour publier un commentaire .