Mercredi 15 janvier, Louis Vuitton a annoncé avoir fait l’acquisition du deuxième plus gros diamant au monde. Il est plus gros qu’une balle de tennis et pèse 1 758 carats, soit environ 350 grammes. Il est l’objet de tous les fantasmes, car personne ne peut le voir pour l’instant. La nature l’a recouvert d’une fine couche noire de carbone.
On imagine l’effet qu’une telle information aurait produit sur Holly Golightly, la pétillante héroïne de Diamants sur canapé, qui avait l’habitude de prendre son petit déjeuner, après une nuit blanche, devant la vitrine de Tiffany à New York. Interprétée par l’irrésistible Audrey Hepburn, la charmante jeune femme, aime rêvasser devant les diamants de la prestigieuse boutique.
C’est cette dimension onirique et iconique que la maison-mère de Louis Vuitton, le groupe LVMH, ne pouvait ignorer en signant un accord en vue du rachat du célèbre joaillier de la 5e avenue pour un montant de 14,7 milliards d’euros.
De Tiffany à Sewelô
Holly Golightly serait sans doute un tantinet déçue en apprenant que seuls quelques clients de Louis Vuitton auront le plaisir de découvrir la fameuse pierre place Vendôme, à Paris. Mais notre courageuse héroïne se consolerait en pensant à ces mains légères, à ces cous élancés, à ces bras sophistiqués qui auront le bonheur inouï de porter les bijoux issus de cette pierre dont on ignore à peu près tout si ce n’est qu’elle pourrait fournir les plus belles merveilles que l’œil humain ait jamais vues.
Le Sewelô (« découverte rare » dans la langue bantoue des Tswanas) a été découvert en avril 2019 dans la mine de Karowe, au Botswana, réputée pour ses pierres d’exception. Puisqu’il se dérobe sous sa robe noire en carbone, il est considéré comme un « diamant de spéculation », car l’acheteur « spécule » sur la qualité et la pureté du joyau.
Il sera taillé par HB Company à Anvers, la capitale européenne du diamant. Entre mai et juillet 2020, des « fenêtres » seront réalisées sur le diamant afin de voir au travers, évaluer ses propriétés et arrêter son plan de coupe. D’ici là, nous ne pourrons, nous aussi, que spéculer : sur la beauté de la pierre, sur son prix, et sur les happy few qui pourront se l’offrir…
Pureté chimique exceptionnelle
Le plus gros diamant brut jamais découvert, le Cullinan, possédait une masse de 3 106 carats, soit 621,2 grammes. Il a été trouvé en Afrique du Sud en 1905 et a fourni neuf joyaux à la couronne britannique, la pierre ayant révélé une pureté chimique exceptionnelle. Sa valeur est actuellement estimée à 400 millions de dollars.
Le Lesedi La Rona, le troisième plus gros diamant jamais découvert, extrait du même sol que le Sewelô en 2015, pèse quant à lui 1 109 carats. A la fin de 2017, soit deux ans après sa découverte, le minier canadien Lucara Diamond l’a vendu pour près de 45 millions d’euros au joaillier anglais Graff.
Quel sort sera réservé au Sewelô ? Ni Louis Vuitton ni Lucara Diamond n’ont pour l’instant révélé le montant de leur transaction, réalisée après plus de cinq mois de négociations intenses.